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Lorsque l’équipe du capitaine Mehrlicht hérite d’une affaire du meurtre d’un SDF sur les voies ferrées de la Gare de Lyon, elle n’imagine pas une seconde dans quelle affaire hors norme elle met les pieds. Le très caractériel Mehrlicht (et son langage imagé hérité des « Tontons Flingueurs, tout comme les sonneries de son portable), son souffre douleur le stagiaire Ménard, le secrète Latour et le bodybuildé Dossantos se rendent compte assez vite que le SDF n’en était pas un. Cette affaire hors-norme va les emmener chasser sur les terres de la Brigade Criminelle et sur celle de la DCRI, elle va donner des sueurs froides aux politiques et même les conduire se plonger, qui l’aurait cru, dans la vie de Napoléon III !
Lorsque j’avais découvert un peu par hasard le travail de Nicolas Lebel avec « Le Jour des Morts », je m’étais promis de lire ses romans, et les aventures du Capitaine Mehrlicht, dans l’ordre chronologiques, comme j’essaie de le faire pour Jussi Adler-Olsen. J’ai donc mis un peu de temps à mettre la main sur le tout premier, « L’Heure des Fous ». Nous voilà donc aux tout débuts des aventures de ce capitaine caractériel, au verbe haut et imagé. Le roman prend un petit peu le temps de poser ces personnages qui deviendront récurrents. Le plume de Nicolas Lebel, qui plonge à intervalles réguliers dans l’humour et l’acidité (les petites allusions politiques sont savoureuses) nous dresse le portrait d’un capitaine un peu disgracieux (on dit qu’il ressemble à une grenouille, ce que j’ai un peu de mal à imaginer), qui parle comme dans un polar des années 50 (parfois ses collaborateurs ne le comprennent même pas) qui fume comme un pompier même quand (surtout) quand c’est interdit et bizute son jeune stagiaire. Il a dans son équipe une jeune policière qui cache un petit secret amoureux, un bodybuildé aux opinions politiques assez troubles, et qui cite le code pénal dans le texte à tout bout de champs et un supérieur sarkoziste qu’il adore contredire et court-circuiter. Toute cette fine équipe mène une enquête à la fois claire et passionnante, qui va les emmener très loin, des bureaux feutrés de la Sorbonne à la jungle de Vincennes (les passages qui se déroulent dans cette jungle sont surréalistes !). « L’Heure des Fous » n’est pas qu’un excellent polar, c’est aussi une mine d’information sur le monde des SDF parisiens, sur la vie de Napoléon III, sur le fonctionnement des ressources humaines de l’enseignement Supérieur, sur les méthodes du contre espionnage français et sur les égouts et les Catacombes de Paris, le tout dans une histoire cohérente, qui se lit avec gourmandise. Je ne sais pas si tout est documenté et véridique, mais j’ai l’impression que Nicolas Lebel, en plus de glisser à intervalle réguliers des allusions bien senties sur la France, ses élites, ses politiques et ses mœurs, sait en plus très bien de quoi il parle. En tous cas, j’ai appris beaucoup de choses en lisant « L’Heure des Fous » et ce n’est pas le cas avec tous les romans noirs que je dévore. Je recommande donc chaudement de se plonger dans les aventures hautes en couleurs du Capitaine Mehrlicht en commençant par le début, en commençant pile à « L’Heure des Fous ».