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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Les Promises

Publié par Christelle Point sur 1 Avril 2022, 15:17pm

A l’été 1939, dans la chaleur berlinoise et à quelques jours seulement de l’invasion de la Pologne, le Gestapiste Franz Beewenn est chargé par son commandement de résoudre rapidement et discrètement une enquête très délicate. Depuis quelque temps, des épouses de dignitaires nazis sont retrouvées morte et éviscérées dans les parcs berlinois. Pour cette brute épaisse pleine de haine, cette enquête est surtout l’occasion de se faire bien voir en attendant d’être envoyé au combat. Il va enrôler (sans trop leur demander leur avis) dans ses investigations deux psychiatres, Simon Kraus et Mina Von Hassel. Le premier est un gigolo qui traitaient les victimes (et accessoirement couchaient avec elles) et la seconde, alcoolique au dernier degré, dirige l’institut psychiatrique où le père de Beewen est traité. Les 3 n’ont rien en commun et se méprisent, pourtant cette enquête si étrange va les lier, les obséder et les emmener jusqu’au bout du fanatisme et de l’horreur nazie.

C’est la première incursion de Jean-Christophe Grangé dans le thriller historique. Et c’est dans l’Allemagne nazie qu’il nous embarque pour 150 chapitres, à quelques jours du déclenchement de la Guerre et il nous affuble de 3 enquêteurs aussi improbables qu’antipathiques. Pour résoudre le meurtre de plusieurs épouses de dignitaires nazies, des femmes du monde qui semblent plus soucieuses de leur mode de vie que des activités de leurs maris, Grangé nous propose une brute de la Gestapo bouffi de violence et de haine, un psychiatre vaguement gigolo qui n’aime pas trop les nazis mais profite des spoliations des juifs allemands, et une directrice d’institut pathétique tant elle ne tient debout que grâce à l’alcool. Et portant, petit miracle, dans ce cloaque ou tout le monde, victimes compris, est détestable, on s’attache à cette enquête et à ces 3 enquêteurs improbables. Pourquoi ? Et bien parce qu’au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans l’abyme de cette enquête qui va aller au bout du bout du fanatisme hitlérien, eux semblent prendre le chemin inverse et prendre conscience de l’horreur de ce qu’ils découvrent. L’enquête va connaître plusieurs rebondissements, on croit tenir le coupable à plusieurs reprises, mais c’est juste dans les derniers chapitres que le double dénouement intervient. J’avoue je l’avais à moitié deviné ! Si on peut toujours s’interroger sur la crédibilité d’une telle intrigue, Grangé prends bien soin de l’insérer dans un contexte historique et géographique précis. S’il a inventé quelques personnages et lieux, c’est purement formel, disons plutôt qu’il les a renommé. Son roman met en lumière des éléments bien connus de la période : l’eugénisme, les Lebensborn, l’élimination des tziganes et des handicapés mentaux, la Shoah par balles, les méthodes d’exterminations, les expérimentations médicales sur les prisonniers des camps de la mort. Pour une fois, Grangé n’aura pas réellement eu besoin de pousser son imagination pour créer l’horreur et l’abjection, l’Histoire lui a tout servi sur un plateau. Agréable à lire malgré les horreurs racontées, le roman se termine par un bond en avant en 1942, dans un endroit que l’on devine sans qu’il soit nommé. La noirceur absolue de cette fin est adoucie in extremis par une minuscule lueur d’espoir, ténue mais belle et bien présente. C’est une réussite que ce roman et j’espère que Grangé, qui a souvent eu du mal à ne pas aller trop loin, continuera dans la belle série qui est la sienne depuis 3 romans. Celui-là mériterait amplement les honneurs du grand ou du petit écran.

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