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Jamie est un petit garçon qui vit seul avec sa maman à New-York. Il est en bonne santé, il a avec sa mère une relation assez fusionnelle et vit dans un appartement cossu. Mais Jamie a une petite particularité, il voit et peut communiquer avec les personnes récemment décédées. Pas longtemps, juste quelques jours après leur mort, lorsqu’elles sont en « transit » vers… vers on ne sait pas trop quoi. Ce don, qui le terrifie, est davantage un fardeau qu’un cadeau pour un si jeune enfant. Sa mère croyait qu’il affabulait jusqu’à ce que le gamin lui en apporte la preuve. Depuis, c’est le secret bien gardé de Jamie et sa mère. Jusqu’au jour où cette dernière lui demande d’utiliser ce don à son profit : le gamin s’exécute sans enthousiasme (tu m’étonnes!) et met le doigt dans un engrenage dangereux.
Dans les premiers chapitres d’ « Après » (je ne suis pas très fan du titre), on se croirait clairement dans « Sixième sens » jusqu’à ce que King fasse dire a son petit héros que justement, on n’est pas dans le célèbre film et que son histoire est très différente. Cette petite mise au point faite pile au bon moment, le roman peut partir sur de très bons rails. King revient à ses fondamentaux : une histoire fantastique racontée à hauteur d’enfant, avec le ton naïf et candide qui convient. Ce petit Jaime est immédiatement attachant, on le trouve courageux, attendrissant et intelligent juste comme il faut. L’intrigue part doucement, car les morts que Jamie voit au début sont inoffensifs, presque bienveillants. C’est lorsque sa mère d’abord, puis une autre personne proche, lui demandent de communiquer volontairement avec un mort récent, dan le but d’obtenir quelque chose en retour, que le pacte est rompu. Les intérêts des adultes (argent, informations, pouvoir…) viennent en quelque sorte corrompre le lien fragile entre Jaime et les morts. Et forcément on se dit qu’il va finir par tomber sur un mort qui refuse de partir, un mort malveillant qui va monnayer ses infos, le hanter, le tourmenter, et… spoiler… çà ne loupe pas, c’était inévitable ! Le roman se lit vite et avec une grande facilité. King est diaboliquement efficace quand il s’agit de monter des intrigues simples et addictives, dans un style accessible à tous. C’est un roman dans la ligne de « The Shinning » ou « Ça », où les enfants courageux sont en première ligne face à l’inexplicable. Le roman insiste à plusieurs reprises sur la crise de 2008 et ce qu’elle a bouleversé dans la société américaine. Tous ces gens, des millions d’Américains modestes ou non, qui vivaient sans filet de sécurité, plus ou moins à crédit, se sont retrouvés totalement ruinés, littéralement du jour au lendemain. Il évoque assez longuement la crise des subprimes mais aussi l’affaire Madoff. On ne se rend peut-être pas bien compte ici, en France, de ce que la crise de 2008 a fait comme ravage social aux USA. Cette crise (et ses conséquences) est presque un personnage à part entière dans le roman, c’est à cause d’elle que les choses dégénèrent, d’une certaine façon. J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai même trouvé un peu trop court, c’est rare que King fasse aussi court! Il y a une révélation finale, sur l’indentée du père de Jaime (et l’origine de sa « particularité »?), une révélation à laquelle je ne m’attendais pas, une révélation dont je ne sais pas trop quoi penser, comme Jamie du reste. Mais en dépit de cette fin, je reste assez emballée par le dernier roman de Stephen King, dont je pense qu’il est susceptible de plaire au plus grand nombre, même au-delà de son lectorat habituel.