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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : The Batman

Publié par Christelle Point sur 20 Mars 2022, 09:20am

Gotham City se prépare aux élections municipales, et le maire sortant Don Mitchell est certain d’être réélu. Son bilan est assez catastrophique, Gotham City est une ville gangrénée par la corruption, la violence et la misère, mais Mitchell a ses appuis, et une partie de la pègre à son service. A quelques jours du scrutin, il est assassiné dans son luxueux appartement par un meurtrier masqué qui laisse une mise en scène et une énigme derrière lui destiné à The Batman. Ce justicier masqué, dont personne ne connait l’identité, tente de faire régner un semblant de justice dans cette ville où il y a tant à faire. En poursuivant le tueur à l’énigme (The Riddler), Batman va découvrir l’ampleur de la pourriture qui infeste Gotham, une pourriture qui pourrait remonter jusqu’à lui.

Je n’avais pas prévu d’aller voir cette énième version de Batman, vraiment pas… Sur le papier, ce film qui dure presque 3 heures (3 heures !) n’a rien pour me plaire, les films de super héros n’étant définitivement pas mon truc. Mais comme on m’a dit que c’était vraiment bien, alors je me suis décidée à aller juger sur pièce. Au sortir de la salle, la chose la plus évidente à dire est que ce film est, dans sa forme, une sorte de master pièce. Tout est super soigné, super travaillé, parfaitement mis en image. C’est bien simple, il y a une bonne idée de mise en scène toutes les 5 minutes : tel plan improbable, tel clair-obscur réussi, telle scène de combat magnifiée par des éclairages inventifs. C’est parfaitement mis en image, et aussi en son : la bande originale de Michael Giacchino est très efficace sans être grandiloquente (juste parfois un peu forte et trop appuyée mais c’était presque inévitable). Les décors sont également assez bluffant : Gotham City est une ville ultra moderne, mais avec beaucoup de bâtiment gothiques tendance gothique flamboyant, hyper chargé. Le Gothique, c’est l’apogée des temps obscurs, l’apogée du Moyen Age pour l’imaginaire collectif. Ces décors, et cette ambiance de crépuscule permanent, sans soleil, toujours quasiment inondé de pluie donnent à Gotham City des airs de ville à l’agonie qui pourrit sur pied. C’est évidemment le New York des années 70-80 qui est dépeint ici, avec sa criminalité infernale, sa pauvreté envahissante, ses élites ultras-riches vivant dans des sortes de ghettos et dans le luxe ostentatoire. Comme nous sommes dans un film de super héros, malgré tout, il y a des passages obligés ; les combats parfaitement chorégraphiés, les poursuites en voiture et/ou moto, les fusillades infernales. Ce n’est pas ce que je préfère, ici ces scènes sont malgré tout assez nombreuses, parfois un tout petit peu trop, assez longues, parfois un tout petit peu trop aussi, spectaculaires comme elles doivent l’être, c’est bruyant violent, fort peu crédible bien entendu, mais j’imaginais mal comment y échapper en allant voir un Batman ! Avant de parler de Robert Pattinson, je voudrais dire que les seconds rôles sont parfaitement tenus. Même si certains auraient mérité d’être un peu plus écrits, je souligne l’excellente performance de Zoé Kravitz, Jeffrey Wright, Andy Serkis, John Turturo ou encore Colin Farell. Pour ce dernier, si on en sait pas d’emblée quel rôle il incarne, on ne le reconnait pas ! C’est la première fois que je dois aller sur internet pour voir quel rôle un acteur tient tant il est méconnaissable. Mention spéciale à Paul Dano, qui apparait un peu trop tard pour donner la pleine mesure de son talent dans le rôle de The Riddler. On sent qu’il a pensé son rôle comme Joachim Phoenix avait pensé celui du « Joker » (les méchants de Batman sont-ils façonnés le même moule ?), mais il n’a à proprement parler que 20 minutes pour lui donner corps. Qu’importe, en 20 minutes, il fait sacrément bien le job. Que penser de Pattinson en Bruce Wayne ? J’avoue que je ne sais pas quoi en dire. Il a un jeu très monolithique, toujours le même regard, les sourcils froncés, la bouche pincée, il s’exprime par monosyllabe (Pattinson ne devait pas avoir plus de 10 pages de dialogues à apprendre en tout et pour tout, à mon avis), c’est le rôle d’un super héros taiseux, tourmenté (jusqu’à friser la caricature, on dirait qu’il termine sa crise d’adolescence !), qui semble imperméable aux émotions sauf rares exceptions. C’est surement comme cela que le rôle a été écrit et c’est surement ce qu’on attendait de lui, mais personnellement, j’ai été un peu déçue par son jeu très « monotone ». Un tout petit soupçon d’humour, à dose homéopathiques, aurait peut-être adouci son jeu, mais d’humour il n’y a aucune trace dans « The Batman », même en cherchant au microscope ! Le scénario de « The Batman » est écrit, et filmé comme un polar. Pas de super pouvoirs, pas de complot improbable fomenté par un super vilain assoiffé de pouvoir. Non, très vite le ton est donné : The Riddler veut purger Gotham City des politiciens véreux, des policiers ripoux, des magistrats corrompus, c’est un nettoyeur en quelque sorte. Il s’adresse à Batman car il considère qu’ils font la même chose, qu’ils poursuivent le même but, seule la méthode change. Il se rend populaire grâce aux réseaux sociaux, prône d’une certaine façon le révolte des petits contre les gros par la violence (Comme dans « Joker »), il met en scène ses crimes comme dans des films d’horreurs (comme dans « Saw »). Pour un peu on trouverait son combat légitime, ce qui est évidemment très ambivalent et met au final assez mal à l’aise. Le justicier masqué semble être dans un « entre deux » inconfortable : pas du côté des corrompus/victime, pas du côté des pauvres/violents, il poursuit deux buts : arrêter l’assassin et mettre à jour la corruption. L’intrigue n’est pas inintéressante, assez claire au final malgré les apparences. Et puis on est dans un Batman post « me too », avec des femmes fortes qui sauvent des super héros, et des femmes noires candidates aux plus hautes fonctions ! Sans être aussi dithyrambique que je l’avais été pour « Joker » (qui reste à mes yeux supérieur dans tous les registres), je reconnais que « The Batman » n’est pas un film de super héros comme les autres, il est d’une noirceur totale, d’un pessimisme presque plombant. Si on accepte de se plonger dans ce Gotham de cataclysme, alors on passe 3 heures de cinéma efficace qui passe finalement bien.

La bande annonce de "The Batman"

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