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Un beau matin, le corps du premier ministre conservateur britannique est investi par un cafard qui en prend le contrôle. Il en va de même pour presque tout son gouvernement. Et ce cafard, de là où il est, entreprend de mettre en œuvre une politique économique farfelue, le Reversalisme. En gros, il s’agit d’inverser le cours de l’argent, de payer les gens qui consomment et qui doivent ensuite payer leur employeur. Pour mettre en œuvre cette nouvelle politique unique au monde qui permettra au Royaume Uni de faire cavalier seul, le cafard est prêt à utiliser tous les biais que la politique politicienne met à sa disposition : mensonge, fake news, attaques ad-nominem, politique du tweet, manipulation des médias. Le but de tout cela, faire du Royaume-Unis un paradis de pauvreté et d’insalubrité pour les cafards.
Ce petit livre très court (qu’on pourrait presque lire en une fois) et complètement iconoclaste est une sorte de fable, ou plutôt un pamphlet contre le Brexit : c’est limpide, c’est assumé, c’est imparable. L’écrivain britannique attaque de biais avec deux métaphores. Le Reversalisme (aussi étrange voire incompréhensible qu’il soit), c’est le Brexit. Le Revsersalisme inverse le cours de l’argent, le Brexit inverse le cours de l’Histoire, dans les deux cas il s’agit pour le Royaume de faire machine arrière, seul contre tous, convaincus de sa supériorité, en faisant fi du résultat très incertain de la manœuvre. Le cafard, c’est le populisme, qui pour arriver à ses fins ne s’embarrasse plus d’aucune barrière morale. Le cafard et son équipe de cafard mentent effrontément, salissent leurs adversaires (puisque les faire exécuter discrètement n’est malheureusement pas possible), utilisent des manœuvres parlementaires indignes et se servent effrontément des morts pour servir leur politique. Il n’a pas trop de mal à mettre le président américain Trupper dans sa poche, en lui assurant que le Reversalisme déversa des tombereaux d’argent légal sur son compte Offshore. Ian MacEwan inverse la tragédie du Bugaled Breizh : l’armée française détruisant par accident un chalutier anglais et tuant les marins (au passage, ce faisant, il crédite la thèse française de l’accident militaire). Cela donne au cafard l’occasion inespérée d’utiliser sans vergogne les morts pour servir sa politique. Une telle caricature sonnerait comme caricaturale si elle ne venait pas d’un auteur anglais de talent et à succès. Savoureux à lire (sauf pour Boris Johnson j’imagine !), efficace dans sa démonstration, implacable dans sa conclusion, « Le Cafard » est un coup de pied dans le tibia du Brexit, même si ça ne change pas la réalité, ça fait plaisir !