Le coin des livres : Alice

Alors qu’elle s’amusait à la kermesse de l’école sous la surveillance de Charlotte, une amie de sa maman, la petite Alice s’est volatilisée. Charlotte n’a relâché son attention qu‘une seule minute, le temps d’aller liker une photo sur Facebook mais cela à suffit. Les parents d'Alice, Harriet et Bryan sont dévastés et plein de rancœurs envers Charlotte. Cette dernière, pétrie de culpabilité, doit faire face à la vindicte des réseaux sociaux qui la montre du doigt, ses amies lui tourne le dos, ses enfants sont ostracisés. Les jours passent et la police ne retrouve pas la trace d’Alice. L’amitié entre Harriet et Charlotte ne peut raisonnablement survivre à un tel drame. Où est Alice ? Est-elle encore vivante ? Et si l’une des deux femmes n’avait pas tout dit ?

C’est une chouette surprise que ce polar anglais qui ne paye pas de mine. Il m’a un peu fait penser au roman de Gillian Flynn « Les Apparences » qui avec son point de bascule qui remet tout en cause au milieu de l’intrigue. La première partie est double, l’histoire est racontée du point de vue de Charlotte puis d’Harriet. Si les choses ont l’air assez claires du côté de la première, on sent que quelque chose ne tourne pas rond dans la famille de la seconde. C’est suffisamment bien mené pour qu’on ne détermine pas si c’est Harriet ou son mari qui cache quelque chose. Et puis au milieu du roman on bascule dans autre chose, plus douloureux, plus angoissant. Même si le personnage d’Harriet peut paraître un peu gauche, un peu énervant par moment, elle a des sacrés circonstances atténuantes et on est assez vite en totale empathie avec elle mais surtout avec la pauvre Charlotte ; toute la partie sur les réseaux sociaux est cruellement crédible ! L’intrigue est réussie, simple et efficace, le suspens est bien dosé : ce polar se lit, ou plutôt se dévore très vite et très facilement. Seul petit bémol, s’il fallait en trouver un, un personnage en particulier est dessiné de façon très appuyée, peut-être un tout petit peu trop, surtout à la fin. Heidi Perks met l’accent sur la violence psychologique, la manipulation, les sentiments ambivalents, et c’est très efficace. Le dénouement pourra peut-être paraître un peu léger, au regard de ce que tout le roman aura promis en terme de rebondissements et de tension nerveuse. Mais à bien y réfléchir on est assez loin de la « happy end , c’est un fin douce-amère qui laisse en bouche un goût un peu complexe mais pas désagréable. Je ne connaissais pas cette auteure britannique mais je lui trouve un vrai talent de narratrice et un vrai savoir-faire dans la construction de ses intrigues. C’est assurément une auteure à suivre...