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Une bouteille retrouvée sur une plage des Highlands, puis oubliée dans un coin du commissariat écossais. A l’intérieur, un message écrit dans un danois approximatif lance un SOS. Mauvaise blague de garnement ? C’est ce que tout le monde se dit avant de découvrir que ce message a été écrit avec du sang humain. Voilà donc que débarque cette bouteille et ce message illisible sur le bureau du Département V de la police de Copenhague. Carl, Assad et Rose (et bientôt la sœur de cette dernière, largement aussi barrée), le trio le plus mal assorti de l’histoire de la police danoise, se lance donc à partir de presque rien dans une enquête improbable.
Je suis donc devenue fan des enquêtes du département V, c’est officiel. Le troisième tome de cette série (en cours) débute en Ecosse. Ou plutôt non, elle débute par une scène de captivité très courte mais très angoissante et surtout non datée : l’écriture du message. L’enquête qui suit part donc de rien ou de presque rien et c’est cela qui est passionnant. De quand date ce message, d’où a-t-il été jeté ? Et comme le temps et l’eau l’ont abimé, il est aux 2/3 illisibles. Il faudra l’obstination de Rose puis de sa sœur Yrsa, la méticulosité d’Assad et le professionnalisme de Carl pour répondre à toutes ces questions. Comme dans les autres tomes, des chapitres écrits du point de vue du coupable apparaissent à intervalles réguliers et très vite on comprend ce qu’il fait, pourquoi il le fait et qui sont ses cibles privilégiées. Cette fois-ci, Jussi Adler-Olsen nous fait pénétrer dans le monde opaque des sectes religieuses chrétiennes (qui visiblement pullulent au Danemark !) qui vivent en autarcie totale, hors des radars de la société, et dans lesquelles le criminel peut frapper en sachant très bien qu’elles n’iront jamais voir la police : son impunité est totale. Jamais réellement nommé, sans aucun affect, très intelligent, le criminel du roman suscite autant de répulsion que de fascination. Les éléments que nous découvrons sur son enfance peuvent expliquer (sans excuser) ses crimes. Puisqu’on parle de personnalité, le roman lève un peu le voile sur celle de Rose, dont le côté « borderline » devient de plus en plus déroutant et surtout sur celle d’Assad. Carl découvre que ce dernier n’habite pas où il prétend habiter et esquive toujours lorsque Carl veut rencontrer sa famille. Pire, il refuse de s’expliquer quand il se bat avec un autre policier, d’origine irakienne. Le passé d’Assad n’a pas finit, à mon avis, de remplir des pages des romans à venir. Avec des chapitres bien calibrés, un humour toujours bienvenu dans toute cette noirceur, des personnages de plus en plus attachants et complexes, « Délivrance » est peut-être le plus fort et le plus passionnant de ce début de série. Je le place au dessus de « Miséricorde » et de « Profanation » peut-être parce qu’il est un tout petit peu plus crédible et surtout minutieusement construit pour qu’on ne décroche jamais de cette enquête si difficile. Comme pour toujours rappeler que le Département V fait partie d’un tout, une autre enquête vient parasiter un peu la principale, une enquête d’incendie sur fond de règlements de comptes entre mafieux originaires de l’Est. Elle n’est pas passionnante mais elle est anecdotique en termes de pages. Elle est présente pour affirmer les talents d’enquêteur d’Assad et pour rappeler aussi que le statut du Département V est toujours fragile, son existence au sein de la police n’est pas gravée dans le marbre. C’est encore un élément que l’ont devrait retrouver dans la suite des aventures imaginée par Jussi Adler-Olsen.