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Après le succès de la toute première enquête du Département V (Voir « Miséricorde »), plus personne dans la Police Danoise ne considère ce Département, spécialisé dans les « cold case », comme un placard, alors qu’il a pourtant été crée comme tel. Etrangement, c’est une affaire jugée et non un « cold case » que Carl Morck trouve sur son bureau. La main anonyme qui l’a posé là a de bonne raison de penser que toute la lumière n’a pas été faite, et il ne faut pas bien longtemps à Carl et son acolyte Assad pour penser la même chose. Deux gamins sans histoire, fils et fille de policier, retrouvé morts chez eux il y a 20 ans de cela ; un fils de bonne famille qui s’est constitué coupable et qui purge sa peine, sans jamais avoir réellement donné les raisons de son geste ; une enquête qui ne va pas chercher plus loin, et pour cause… C’est dans le milieu de la très haute bourgeoisie, des ultras riches et des « fils à papa » que la vérité se cache, à coup de pots de vins et autre « petits gestes ». Carl et Assad ne sont pas en terrain connu avec cette enquête qui sent le souffre.
Deuxième volume des enquêtes du département V, et la très bonne impression du premier tome se confirme. Bien-sur, on est dans un polar scandinave, ce qui sous-entends que point de vue violence, situations sordides et autres perversités, on va être servi ! Je le dis d’emblée, les âmes sensibles devraient s’abstenir car « Profanation » (le titre et la couverture de l’édition poche donnent le ton) va mettre la barre haute en la matière. Mais si on supporte bien cette ambiance particulière, alors on se retrouve devant une enquête passionnante, qui malgré ses nombreuses ramifications ne se perd pas en route. Parallèlement à l’enquête de Carl Morck (toujours aussi bougon et mal embouché mais qui, tel un pitbull, ne lâche jamais son affaire), d’Assad (énigmatique, imprévisible mais très attachant) et de la nouvelle venue, l’improbable Rose, on suit également les pérégrinations très glauques d’une SDF, Kimmie. On ne met pas longtemps à comprendre que cette jeune femme, SDF, fuyante, droguée et prostituée, légèrement psychotique, est une pièce maitresse de la bande criminelle d’il y a 20 ans. On voudrait la plaindre, la trouver attachante au vu de ce qui lui arrive aujourd’hui dans les rue de Copenhague, mais ce qu’on apprend sur elle au fil des chapitres nous en empêche. En réalité, l’identité du (ou des) criminels ainsi que les mobiles sont dévoilés assez vite, ce n’est pas là l’intérêt du roman. Le sel de « Profanation », c’est comment le Département V va trouver des preuves pour confondre des coupables que leur immense fortune semble protéger de tout. C’est le portrait d’une grande bourgeoisie bien malade que dresse Jussi Adler-Olsen, biberonnée à l’ultra violence et surtout à l’impunité. Les membres de ce petit cercle fermé ne reculent devant rien pour assouvir leurs instincts, on se croirait devant « American Psycho », mais sous forme de meute ! On ne peut pas dire que leur personnalité soit pleine de nuances et de complexité, il n’y a rien à sauver chez ces richards sans scrupules, rien de rien. C’est peut-être là le tout petit bémol que je formulerais, Jussi Adler Olsen met en scène des vrais méchants, des vrais salauds, et ne s’encombre pas de nuance comme il avait pu le faire avec le coupable de « Miséricorde ». Reste un thriller nerveux, aussi efficace qu’il est sordide, et qui donne une irrépressible envie de continuer la série. Les petites pointes d’humour mais surtout l’affection que l’on porte très vite aux deux (maintenant trois) enquêteurs n’y sont pas étrangères non plus.