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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : la Vraie Vie

Publié par Christelle Point sur 19 Septembre 2021, 09:01am

Dans un pavillon sans âme vit une jeune fille et son petit frère avec ses parents. Son père, grand chasseur, violent, alcoolique, fait régner la peur parmi les siens. Sa mère est effacée, soumise et silencieuse et son petit frère Gilles un amour de gamin. Tout n’était déjà pas simple dans cette famille mais un jour, la jeune fille et son petit frère assiste à un effroyable accident. Dés lors, le petit Gilles ne sera plus jamais le même et sa sœur le voit se couler lentement mais surement dans les pas paternels. Elle donnerait tout pour que Gilles redevienne comme avant, pour revenir dans le passé et empêcher l’accident. Mais on ne revient pas dans le passé, on doit juste essayer de composer avec.

Il est assez court, le premier roman d’Adeline Dieudonné, mais il vous percute de plein fouet. Raconté à la première personne, la jeune narratrice (très jeune au début et jamais nommée) vous fait entrer en quelques paragraphes dans l’enfer familial. Ses parents ne s’aiment pas, au fond ils ne se sont jamais aimé, et ils n’aiment pas réellement leur enfants. Les deux gamins nouent des liens très fort jusqu’à l’accident. Jusqu’ici on avait peur du père, on trouvait la mère pathétique, et on commence à avoir sérieusement peur du fils aussi ! La gamine est cernée par la bêtise et la violence, c’est hyper angoissant. Et pas besoin de beaucoup de mots pour faire ressentir cette impression d’emprisonnement et d’étouffement. La passion que développe la fille pour les sciences physique (dans l’optique au début de construire une machine à voyager dans le temps) et ses capacité hors norme en la matière ne sont pas hyper crédibles (l’auteure pousse le bouchon assez loin quand même sur ce point là !), mais qu’importe. La gamine est cernée par la violence chez elle, mais elle trouve du réconfort autour, chez le couple chez qui elle fait du baby sitting, chez son professeur particulier de physique, mais même là la violence n’est jamais très loin. En fait, ce livre, c’est la prise de conscience d’une gamine de la violence inhérente au monde des adultes et sa difficulté à composer avec. Il y a un passage au milieu du livre qui semble faire basculer la fille dans le monde des adultes (une scène de chasse aussi incroyable qu’ignoble), et lui ouvre à elle aussi le monde de la violence, et le pire, c’est que cette violence pourrait être salvatrice, on en vient même à le lui souhaiter. Court, bien écrit,  difficile à lâcher, « La Vraie Vie » se termine dans le sang, comme s’il était inévitable d’en arriver là. C’est un premier roman très prometteur, assez éprouvant pour les nerfs car la violence physique et psychologique qui imprègne cette famille, on sait bien qu’elle règne autour de nous dans des familles, les faits divers sont là pour nous le rappeler en permanence. La violence des adultes sur les enfants donne parfois des enfants qui deviendront des adultes violents, comme une malédiction. Avec son livre, Adeline Dieudonné montre aussi que ce cercle vicieux n’est pas une fatalité. « La Vraie Vie » se lit vite, avec le cœur serré et la bouche sèche, c’est une expérience de lecture qui mérite d’être faite. Elle nous rappelle qu’il n’y a pas pire violence que la violence de tous les jours, à la maison, dans le cercle familial dont on ne peut s’extraire. Combien d’enfants se reconnaitront dans cette peur permanente d’un père tyran ? Même quand on n’a pas connu ce genre d’enfance, Dieu merci, on sent cette peur affleurer à chaque page.

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