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Depuis qu’elle a perdu sa mère à l’âge de 18 ans, la jeune Hal Westaway tire le diable par la queue. Elle gagne péniblement sa vie en tirant les cartes dans une cahute de la jetée de Brighton, vit dans un minuscule appartement sans chauffage et elle doit de l’argent à des usuriers qui deviennent de plus en plus menaçants. Lorsqu’elle trouve dans son courrier la lettre d’un notaire de Cornouailles qui l’informe qu’elle a perdu sa riche grand-mère et qu’elle est conviée à l’ouverture du testament, elle sait d’emblée qu’il y a erreur sur la personne. Mais sa situation est si précaire qu’elle met ses scrupules dans sa poche se rend dans cette famille qui n’est pas la sienne: quelques centaines de livres sterling la sortirait de l’impasse. Lorsque le testament révèle qu’elle hérite de tout, Hal panique : elle est allée trop loin dans la supercherie et les mensonges pour reculer, le notaire va tout éplucher et elle sera vite démasquée. Sa situation, dans cette grande maison, va devenir de plus en plus délicate.
C’est le troisième roman de Ruth Ware que je lis et je trouve qu’ils sont de plus en plus réussis. Le premier « Promenez-vous dans les bois » était moyen, peu crédible et vite oublié. Le deuxième « L’a disparue de la cabine n°10 » était déjà meilleur de ce point de vue, et plus percutant même si sur la fin, là encore, elle n’y allait pas de main morte ! Celui-ci se lit avec une facilité presque déconcertante et on tourne les pages avec l’envie de savoir ce qui se cache derrière cette histoire d’usurpation d’identité. Car quelque chose se trame dans cette grande maison un peu délabrée, les héritiers sont affables mais on sent qu’ils cachent quelque chose de leur passé commun, quelque chose d’a minima douloureux. La sœur disparue (dont Hal est censée être la fille) s’est évaporé du jour au lendemain sans laisser de trace, pourquoi ? Où est-elle et est-elle encore en vie ? La gouvernante est hostile, surtout avec Hal, a-t-elle deviné la supercherie et si oui, par quel miracle ? Quant à Hal, aussi sympathique soit-elle, elle commet quand même une petite escroquerie au départ et s’enferre dans une situation qui devient de plus en plus inconfortable. Le sentiment de malaise (et d'étouffement) grandit jusqu’au dénouement. Il est inattendu et pour et pour le coup totalement crédible. Comme dans tout bon thriller, on se croirait dans un film à la fin quand tout s’accélère dans la violence. J’ai beaucoup aimé ce roman noir alors que je n’y attendais pas : une histoire d’usurpation d’identité et de fraude à l’héritage, sur le papier ce n’est pas très glamour. Mais ce roman fonctionne et on se laisse porter par une héroïne un peu fragile et immédiatement attachante. Finalement, la seule chose qui m’a moins convaincu, ce sont les passages sur le tirage de tarot et la psychologie de fête foraine qui va avec. Mais à part ça, « La Mort de Mrs Westaway » est une bonne surprise, un roman noir réussi et la preuve que le style de Ruth Ware s’affine de roman en roman.