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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Chambres Noires

Publié par Christelle Point sur 19 Août 2021, 14:55pm

Avec ce recueil de 8 nouvelles plus noires que noires, certaines inédites et certaines déjà publiées dans des livres regroupant plusieurs auteurs (type « 13 à table »), Karine Giebel démontre encore une fois qu’elle est bien une des reines du genre. J’en lis beaucoup des romans noirs, et vous pouvez me croire, il n’y a en a pas beaucoup d’auteur(e)s qui peuvent lui tenir le menton ! Les nouvelles sont de longueurs inégales, aucune ne se ressemble mais toutes ont un point commun avec l’œuvre entière de l’auteure, elles touillent le fin fond de l’âme humaine et ce qu’elles y remuent ne sent pas la rose !

J’ai une préférence pour quelques nouvelles, qui sortent du lot tout simplement parce qu’elles m’ont touchées plus que les autres, l’une d’entre elle surtout « Au Revoir les Enfants » dans laquelle Yvonne, vieille dame hébergées en EHPAD, voit arriver la vague du coronavirus qui va la submerger, tout en se rappelant ses souvenirs de femme courageuse, résistante, torturée, déportée. C’est l’histoire toute simple d’une femme toute simple, héroïque mais modeste jusque dans la mort. J’avais les larmes aux yeux en lisant les dernières lignes. « Le Vieux Fusil » et « L’Armée des Ombres » sont des nouvelles qui exploitent les thèmes chéris de l’auteure. La première les thèmes de l’enfermement, des rapports dominants-dominés, la vengeance qui rend fou aussi, elle fait beaucoup penser à son roman « Les Morsures de l’Ombre ». La seconde, elle lorgne plutôt du côté de « Toutes Blessent, la dernière tue » : une mère célibataire, fauchée, exploitée comme femme de ménage, qui dort dans sa voiture et sur laquelle le destin semble s’acharner obstinément. C’est une nouvelle très touchante, très réussie. « L’escalier », qui clôture le livre, est sans doute la plus « optimiste » du lot, avec un petit garçon métis qui trouve en sa vieille voisine de palier une amie inattendue. Le drame des migrants est très bien exposé dans « Les Hommes du Soir», une nouvelle qui donne la parole à un gamin rescapé d’un massacre ethnique et qui tente sa chance dans un bateau de fortune sur la Méditerranée, écrite avec des mots simples et naïfs, elle chamboule totalement lecteur.

Les autres nouvelles sont peut-être un tout petit peu moins fortes mais peu s’en faut, « Un monde parfait » flirte même avec la fantastique, ce qui est assez inédit pour l’auteur. Un prisonnier fraîchement libéré part en vacances avec femme et enfant mais les pulsions violentes sont encore là, à fleur de peau, et il commet l’irréparable comme s’il était destiné à retourner en taule, comme si dans sa tête il y était encore. La fin, en forme de twist, est assez inattendue et elle fait son effet. « La Sentence » est plus difficile à appréhender : dans un pays mal identifié (Inde ? Afghanistan ? Iran?), deux amants clandestins risquent la mort et choisissent de ne pas subir et attendre, mais d’agir et anticiper. Cette nouvelle résonne fort au regard de l’actualité.  C’est pareil pour « Dans les bras des Etoiles », dont le narrateur est un jeune SDF avec son chien, là encore l’histoire est banale, affreusement banale même, mais l’effet reste le même. Karine Giebel sait nous happer dans ses histoires, toutes les histoires, mêmes celles que l’on croit déjà connaitre. Entrez dans les « Chambres Noires »… ce qu’il y a derrière la porte vaut la peine.

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