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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Impact

Publié par Christelle Point sur 10 Juin 2021, 14:48pm

C’est l’affolement chez les politiques et jusqu’au plus haut sommet de l’État, c’est le branle-bas de combat au siège de PJ parisienne, c’est la folie dans les médias et le buzz sur le net : le PDG de Total vient d’être kidnappé. Une vidéo le montre ligoté sur une chaise, enfermé dans un local hermétique et lentement asphyxié par un pot d’échappement. Face caméra un homme à découvert, un ancien militaire déterminé : la rançon qu’il demande est exorbitante et inhabituelle : une somme colossale non pas à son profit mais destinée aux énergies renouvelables : il exige par la force un changement de politique écologique. Cet homme, c’est Virgil Solal, et il vient d’avancer le premier pion d’une partie d’échec planétaire.

Je suis très embêtée au moment de donner mon avis sur le dernier roman d’Olivier Norek, c’est un auteur que j’aime beaucoup et je considère que « Entre Deux Mondes », roman avec lequel « Impact » est souvent comparé, est un monument . Je me suis donc lancé avec enthousiasme dans « Impact » mais la magie n’a pas opéré. Le roman est court, l’intrigue est entrecoupée de petites « Nouvelles du monde » ou le changement climatique fait des ravages : ici une tempête de grêle tue une jeune fille, là des ours polaires affamé déciment une famille. Le style est agréable à lire, et Norek s’offre le luxe de mettre en scène (sans le nommer) dans un chapitre croustillant Emmanuel Macron aux prises avec un marché public de thé en sachet ! Tous les chiffres cités, tous les faits relatés, toutes les citations sont vérifiables grâce à une postface exhaustive. Tout cela est super, mais si j’avais voulu lire un essai d’écologie teinté fortement de collapsologie, j’aurais choisi de lire un essai d’Yves Cocher ! Franchement, le discours écolo du roman est tellement asséné, tellement catastrophiste, tellement assourdissant que toute l’intrigue s’en trouve écrabouillée. Au bout d’un moment, à mes yeux en tous cas (il y a sûrement plein de gens que cela ne va pas gêner, ou même enthousiasmer), cela est devenu contre productif et j’avais hâte d’en finir. J’ai trouvé que le propos de « Impact » était sans nuance, flirtant dangereusement par moment avec la démagogie. En mettant vite tout le monde dans un sac (tu défends Virgil = t’es écolo : c’est bien tu es un gentil panda balafré révolté pour une noble cause / Tu ne défends pas Virgil = t’es un sale pollueur capitaliste égoïste ; je caricature à peine !), Olivier Norek prend lui aussi un otage : son lecteur. Moi, les méthodes de Virgil me révulsent, je le trouve indéfendable, je comprends mal l’engouement immense qu’il suscite ; pire, je trouve cet engouement à la fois malsain, terrifiant et terriblement dangereux, alors quoi ? Je me retrouve dans quel sac ? Je me suis sentie piégée par « Impact », comme si le roman me clouait sur ma chaise pour me hurler dessus en continu « Alors, tu vas être écolo, tu vas être écolo, tu n’as aucun autre choix : TU VAS ETRE ECOLO ! ». Le problème, c’est que le roman militant de Norek ne risque d’enthousiasmer que les convaincus d’avance. L’intrigue (qui se termine bien étrangement) est un peu faible, avare en rebondissement et même en suspens. Heureusement que le roman est court, habilement construit et bien écrit (j’aime le côté « procédurier» du flic Norek) mais malheureusement, celui-là n’aura pas sur moi le même « impact » qu’ « Entre Deux Mondes », qui reste à mes, et de loin, yeux son meilleur roman.

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