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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Critique cinéma : Le Discours

Publié par Christelle Point sur 13 Juin 2021, 14:00pm

Ca fait 38 jours que sa petite amie Sonia a quitté l’appartement en disant quelle voulait « faire une pause », et depuis son départ Adrien rumine son chagrin et son incompréhension. Ce soir, n’y tenant plus, il lui a envoyé un sms anodin, et bien entendu elle n’a pas répondu dans la seconde. Coincé dans un dîner chez ses parents, Adrien consulte fébrilement son portable toutes les minutes sans vraiment s’intéresser à ce qui se raconte autour de la table. Et puis soudain, c’est le drame… Son futur beau-frère lui demande de préparer un discours pour leur mariage ! Adrien ne veut pas parler en public, ne veut pas écrire de discours, il ne veut pas faire la conversation : il ne veut qu’une chose, que Sonia réponde à son sms ! Ce n’est quand même pas trop demander, un p’tit sms, non ?

Le film de Laurent Tirard est accompagné d’un très bon bouche à oreille, et c’est cela (plutôt que sa bande annonce assez moyenne) qui m’a poussé vers « Le Discourt ». Ca et aussi le fait qu’enfin, le cinéma donne un premier rôle à un acteur super chouette, Benjamin Lavernhe. Je ne connais pas le roman de Fabrice Caro, dont le film est l’adaptation. D’après ce que j’ai compris, ce roman est un long monologue intérieur qui se déroule pendant un dîner de famille. Du coup, transposer ça à l’écran parait difficile. Difficile mais pas impossible et Laurent Tirard a choisi la meilleure réalisation (et sans doute la seule) façon de le faire : la façon ludique. Le film fourmille de petites astuces de mises en scène, de clins d’œil face caméra, de superpositions de décors, d’arrêts sur image et autres artifices pour illustrer toutes les pensées et souvenir d’Adrien. Résultat, on est sans cesse surpris, le film d’1h45 passe tellement vite qu’on est étonné de voir arriver le générique de fin. Si on ajoute à cela un montage dynamique, un générique de début sous forme de discours (encore une bonne idée), une bande originale composé de quelques chansons bien dansantes (et ringardes jute ce qu’il faut), et qu’on saupoudre le tout d’un humour en apparence bon enfant (mais en réalité plus caustique que prévu), on obtient un résultat de très bonne qualité. Et on se prend à rêver de voir toutes les comédies françaises réalisées avec une telle inventivité et une telle fantaisie, au lieu d’empiler les comédies à la réalisation stéréotypée comme on les subit depuis des années. Bravo à Laurent Tirard, son « Discourt » est l’adaptation très réussie d’un roman à priori inadaptable ! Benjamin Lavernhe, ça fait des années qu’il illumine les seconds rôles qu’on lui confie, au point parfois de faire un peu d’ombre à ses copains de jeu. Et bien voilà qu’on lui donne un film entier à porter sur ses épaules, enfin… Et il s’amuse, Benjamin, avec ce personnage de type largué, hypocondriaque, amoureux transis et prisonnier d’une famille ennuyeuse et d’un dîner sans surprise. On sent l’homme de théâtre, celui qui a l’habitude du rapport direct avec le public. Il est très juste, n’en fait pas des tonnes quand pourtant certaines scènes l’auraient permis, il a un côté pince-sans-rire assez irrésistible, je dois dire. A ses côtés, les seconds rôles sont loin de n’être qu’une toile de fond ou des faire valoir. François Morel (impeccable) en papa radoteur, Khojandi (très bien) en beau-frère assommant, Julia Piaton (adorable) en sœur distante et Guilaine Londez (parfaite) en mère maladroite, tous compose un repas de famille comme on en a tous subit, interminable et barbant, qu’on a envie de dynamiter mais qu’on subit en silence ! Ca sent le vécu pour tout le monde ! Je n’oublie pas la délicieuse Sara Giraudeau et sa petite voix fluette, au service d’une petite amie à la personnalité bien trempée. Tout ce charmant casting plein de talent est au service d’un scénario qui évidemment, n’est pas d’une originalité échevelée. Un type qui s’ennuie à table en attendant un sms (et un gâteau au yaourt) qui ne vient pas, sur le papier ce n’est pas le sujet du siècle. On sait qu’il n’y a que deux options pour finir le film : où elle répond (=elle revient) ou elle continue de le ghoster (=elle ne revient pas). C’est un tout petit suspens, j’en conviens. Et finalement, en tant que spectateur, savoir si elle va répondre ou pas n’est pas tellement un enjeu d’ailleurs. On s’amuse davantage à voir Adrien envisager le discours qu’il va devoir faire (un formidable avec standing ovation, un catastrophique qui fait fuir les invités, un qui met sa sœur très en colère), se remémorer ses souvenirs d’enfance, ses souvenirs avec Sonia, psychanalyser en direct et en silence toute sa famille, prévoir des catastrophes ou chercher des excuses bidons à tour de bras. Finalement, l’intrigue en elle-même n’est pas le point central du film. C’est peut-être, si on veut être un peu honnête, le seul petit point faible du long-métrage, un scénario qui tourne à toute vitesse, mais qui tourne quand même un tout petit peu dans le vide. Heureusement que la forme ludique de la réalisation masque habilement ce petit vide, dans le cas contraire le film aurait surement paru bien ennuyeux. « Le Discours », c’est un film dont je n’attendais à vrai dire pas grand-chose mais que se révèle être une très bonne surpris. C’est une comédie française sans prétention mais comme on aimerait en voir beaucoup plus souvent.

La bande annonce du "Discours"

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