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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Vu sur Netflix : La Femme à la Fenêtre

Publié par Christelle Point sur 16 Mai 2021, 08:45am

Depuis qu’elle est séparée de son mari et sa fille, la pédopsychiatre Anna Fox est à la dérive, elle vit recluse dans son grand appartement de Manhattan. Agoraphobe, surmédicamentée et beaucoup trop portée sur l’alcool (ce mélange, comme tout le monde le sait, ne fait pas bon ménage), elle passe ses journées à comater devant des classiques à la TV et à regarder ce qui se passe chez ses voisins. Justement, les nouveaux voisins qui viennent d’emménager en face, les Russel (un couple avec un fils adolescent), l’intrigue beaucoup. Elle soupçonne le père de famille de terroriser son fils, puis d’assassiner sa femme. Lorsqu’elle appelle la police, on lui assure que Mme Russel est belle et bien vivante. Sauf que la femme qu’on lui présente comme Mme Russel n’est pas du tout la femme qu’elle a vu se faire poignarder. Personne ne veut croire Anna, et il faut avouer que son état n’aide pas à la rendre très crédible.

Ca fait toujours un peu bizarre que voir un film tiré d’un roman qu’on a lu il n’y a pas longtemps et dont on se souvient quand même pas mal, surtout si c’est un thriller et que du coup, on connait un peu d’avance les rebondissements. « La femme à la fenêtre », adapté donc du roman noir éponyme d’AJ Finn, c’est d’abord un hommage au cinéma d’Alfred Hitchcock et surtout à « Fenêtre sur cour » (un des classiques que regarde Anna Fox et qu’elle connait par cœur). Le thème de la personne qui assiste à un crime et que personne ne croit n’est pas nouveau, c’est même un classique du thriller. Et pour que personne ne la croit, cette personne doit être marginale, paumée, sujette aux délires ou aux hallucinations, sinon le ressort ne fonctionne pas. Et ici, on peut dire que le personnage d’Anna Fox fait fort. Elle est agoraphobe, elle ne peut donc pas sortir pour aller sonner chez le voisin, elle est gavée de médicaments et d’alcool, elle a déjà appelée plusieurs fois le 911 pour des fausses alertes (son locataire ayant la fâcheuse habitude de la faire sursauter), elle a perpétuellement l’air hagarde, traine en peignoir du matin au soir et vit quasiment dans un taudis. Avec ce cocktail chargé, c’était couru d’avance que la police n’allait pas la croire ! C’est Amy Adam qui tient ce rôle, et elle s’en sort très bien, il n’y a rien à redire. Je l’avais vu il n’y pas longtemps dans la série « The Sharp Object » ou elle tenait là encore un rôle de femme paumée et alcoolique. Il ne faudrait pas que cette actrice, tout à fait talentueuse par ailleurs, se retrouve cantonnée aux rôles de femme aux yeux vitreux, elle mérite quand même autre chose ! A ses côtés, des seconds rôles très inspirés : Gary Oldman en père de famille terrifiant et visiblement sujet à la violence, Fred Hechinger en gamin perturbé, Julianne Moore en femme trop volubile et exaltée pour que ce ne soit pas suspect. Le casting, assez resserré, fait le job avec juste ce qu’il faut, dans surjouer, même si Amy Adams (mais c’est son rôle qui veut ça), en fait quand même beaucoup dans le genre « dépressive abrutie de médocs » ! L’adaptation est fidèle au roman, très fidèle même si je me fie à mes souvenirs de lectrice. Si je me mets dans la peau de quelqu’un qui découvre l’intrigue, je dirais qu’elle est efficace car on ne peut deviner le dénouement que très tardivement, qu’on se laisse mener en bateau et que même, on imagine des rebondissements qui n’arrivent jamais, vu qu’on est sur la mauvaise piste : machination familiale, délires hallucinatoires, on s’imagine tout sauf ce qui va réellement arriver dans les 10 dernières minutes trépidantes (et violentes) du film. En revanche, le rebondissement du milieu, celui qui ne concerne qu’Anna, si on est malin, attentif et habitué aux romans noirs, celui-là on peut le deviner aisément, et il est tout sauf surprenant et inédit ! Pris dans son ensemble, le scénario tient la route et nous embarque, sans être totalement ébouriffant, il fonctionne. On peut, en poussant un tout petit peu le curseur, le trouver crédible même si sur certains aspects, il est quand même tordu ! « La femme à la fenêtre » se veut un hommage à Hitchcock  et sur le plan de la réalisation, c’est quand même un sacré challenge que s’est donné Joe Wright. Je n’avais pas été emballée par son travail sur « Radioactive », la biopic de Marie Curie. Dans ce film noir à suspens, il est davantage à son affaire. Etant donné que la quasi totalité du film se déroule dans une grande maison mal éclairée, il a soigné le décor, la photographie, s’est autorisé quelques plans audacieux, quelques effets de mise en scène intéressant (la voiture). Son film ne manque pas de rythme, il n’est pas trop long, ménage bien les nerfs de spectateur tout en le gardant sous pression. Dans son dénouement (violent et spectaculaire comme il se doit dans les films de ce genre), il ne cède pas (trop) à a surenchère. Sans être flamboyante, on peut dire que sa réalisation est soignée, attentive aux détails et efficace pour ne pas trop éventer les rebondissements. Que l’on ait lu le roman ou pas, on peut prendre du plaisir à regarder « La femme à la fenêtre ». Cet hommage à « Fenêtre sur cour » n’est ni inoubliable, ni amené à devenir un classique du genre, on n ‘est quand même pas dans la même catégorie. Mais c’est un thriller très honnête qui remplit son office et nous offre 1h40 d’immersion dans un univers de noirceur et de paranoïa.

La bande annonce de "La Femme à la Fenêtre"

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