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Avant sa grave blessure par balle en service, le policier Carl Morck n’était déjà pas en odeur de sainteté avec ses collègues. Mais depuis son retour de convalescence, c’est encore pire. Morck a perdu un équipier et le second est désormais paraplégique, et inconsciemment ou pas, tout le monde (lui compris) le tient pour plus ou moins responsable du fiasco. Son supérieur profite d’une aubaine administrative pour le placardiser dans un tout nouveau département chargé des « cold case », le Département V. Relégué au sous-sol, avec juste un homme à tout faire même pas policier à son service, Morck végète en feuilletant sans conviction des vieux dossiers jamais classés. Mais son aide à tout faire, Assad , un réfugié Syrien, adore le travail d’enquêteur, et n’a aucune envie d’être assigné au ménage. C’est Assad qui pousse Morck vers leur première enquête, élucider la disparition en mer d’une jeune politicienne de gauche, Merete Lyyngaard, survenue il y a 5 ans et dont on n’a jamais retrouvé le corps.
J’ai découvert les enquêtes du Département V par le truchement du cinéma, car plusieurs romans ont été mis en image. Et j’ai décidé, pour cette fois, de prendre strictement dans l’ordre (et non dans l’ordre où je les trouve) les enquêtes racontées par Jussi Adler Olsen. Et cette toute première enquête, « Miséricorde » est vraiment très prometteuse. D’abord, il y a le duo improbable de Carl et d’Assad, qui fonctionne étrangement vite alors que rien n’aurait pu le laisser croire. C’est la personnalité un peu fantasque d’Assad qui emporte le morceau. A son contact, Morck sort de sa torpeur et reprends peu à peu gout à son métier. Ensemble, ils mènent une enquête pour le moins tordue, 5 ans après les faits, relevant de plus en plus de négligences dans l’enquête initiale (ce qui n’arrange pas ses relations avec ses collègues). Morck est un ours bourru qui a parfois des méthodes discutables, mais il est méticuleux. Il ne le savait pas, mais il est parfait pour les « cold cases » ! Il découvre que la disparition de Merete n’est aucunement un suicide, ni un accident. Ce qu’ils vont découvrir dépasse ce qu’ils auraient pu imaginer. Car Merete n’est pas morte en réalité, grâce au tout premier chapitre (je ne spoile rien), on comprend qu’elle est retenue prisonnière depuis tout ce temps (5 ans !) dans un container par un inconnu qui ne lui parle pas. Le calvaire de Merete est raconté par épisode, intercalé avec l’enquête de Carl et Assad. C’est un calvaire proprement inimaginable de cruauté et de sadisme qui fait froid dans le dos. A quel point est-il crédible ? Je ne saurais pas le dire, 5 ans de séquestration dans un container sans rien du tout, à part un peu deux sceau (un pour la nourriture, un pour un semblant d’hygiène) par jours et encore, pas tous les jours, pas grand monde ne pourrait y survivre. Quant aux motivations du ravisseur, elles sont psychiatriquement explicables, j’imagine, mais à un esprit sain elles paraissent un peu surréalistes ! Le dénouement, qui dure longtemps comme dans un film américain, est à la fois trépidant, angoissant, et assez cruel. A peine de roman refermé on a envie de retrouver très vite Assad et Carl pour un nouveau dossier, car le roman est très agréable à lire malgré les horreurs racontées, il ne manque pas d’humour aussi, ce qui est appréciable et malheureusement pas très fréquent avec les romans noirs. Je conseille donc vivement ce polar danois comme je conseille son adaptation cinématographique (dont je peux dire aujourd’hui qu’elle est très fidèle). Mais attention, comme souvent avec les scandinaves, il ne faut pas avoir peu de la noirceur, du glauque et des crimes atroces, âmes sensibles, passez pudiquement votre chemin !