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1922, quelque part dans le Middle West, le fermier Wilfried et sa femme Arlette sont en pleine crise conjugale. Arlette veut vendre les terres qui lui appartiennent pour aller s’installer à la ville avec leur fils Hank, Wilfried ne veut entendre parler de rien, ni de divorce, ni de vente de terre, ni du départ de son unique enfant. Pour lui, la seule solution est celle du pire : assassiner Arlette et faire disparaitre son corps. Il parvient à convaincre son fils de lui prêter main forte et une nuit, ils égorgent ensemble Arlette dans son lit et jette son corps dans le puits. A partir de ce moment, là, les vies de Wilfried et de Hank deviennent un enfer. Le garçon est pétri de remords et son père se sent persécuté par les rats, les mêmes qui ont dévoré le corps d’Arlette au fond du puits.
Je me souviens très bien de le nouvelle éponyme de Stephen King que j’ai lu il y a quelques années, c’est le genre de récit d’horreur qu’affectionne King et qui est difficile à oublier ! Zak Hilditch en tire pour Netflix un long métrage honnête, relativement fidèle au roman, et qui offre quelques scènes fort peu ragoutantes, dont un dans le puits qui n’a pas fini de me faire cauchemarder ! Sa réalisation est somme toute conventionnelle et assez hollywoodienne, la reconstitution de l’époque est soignée, la musique omniprésente, le suspens est assez bien dosé, son film fonctionne dans le sens où on entre assez vite dans le sujet (encore qu’il faille attendre un bon moment avant de voir le premier rat) et on ne décroche pas jusqu’à la fin, que l’on devine d’emblée assez facilement, même quand on ne connait pas la nouvelle. Je ne sais pas si sa préoccupation était de nous faire peur ou de nous dégouter des rats, mais ma foi il parvient à plus ou moins faire les deux sans trop forcer. Au casting, le rôle principal est tenu par Thomas Jane, et en fermier du Middle West, on frôle presque la caricature : son accent surtout, à couper au couteau dans la version originale, est presque trop forcé ! Son personnage est assez ignoble, il assassine sa femme d’une façon horrible, comme on égorge un cochon ou presque (pour montrer que ce n’est jamais facile ou bien pour ajouter un peu de gore ? Surement un peu des deux) mais en plus, en le manipulant, il arrive à convaincre son jeune fils de lui donner un coup de main, le condamnant par là même une vie de remords. Tout ça par pur appât du gain et petitesse de vue. Tout ce qui lui arrivera après ne sera que justice pour ce qu’il a commis. On aimerait compatir en peu à son sort, mais au fond rien n’y fait, avant ou après le meurtre, cet homme sera toujours un sale type qui n’aura rien volé de ce qui lui arrive. Thomas Jane fait le job, il fait du mieux qu’il peut avec le rôle sans nuance qu’on lui a donné à jouer. A ses côté, Molly Parker et Dylan Schmid incarne la défunte mère et le fils meurtrier. Elle, convenable, passera une bonne partie du film en zombie à moitié bouffé par les rats venu hanter son mari et lui, peut-être un peu tendre pour un rôle pas très bien dessiné, s’en tire du mieux qu’il peut. Quant au scénario, il est lisible comme de l’eau claire : on commet l’innommable, alors on sera poursuivi par le remords et c’est le Justice immanente du Destin qui vous rattrapera. Que ces remords prenne la forme de rat est purement métaphorique. D’ailleurs, on ne sait pas très bien s’ils sont vivants ou bien le fruit de l’imagination de Wilfried, on n’a l’impression qu’il n’y a que lui qui les voit. D’une certaine façon, ils pourraient être réels au début, dans le puits, dans l’étable, tout cela pourrait naturellement s’expliquer. Ensuite, Wilfried perd progressivement la raison et se met à en voir partout, et là on se demande. Le scénario ne tranche pas quelles scènes sont vraies, quelles scènes sont le fruit d’un esprit malade. Il y a dans ce film comme souvent chez Stephen King des notions simples et universelles, intelligibles par tous : le Bien, le Mal, le Destin, Fatalité, la Rédemption ou la Damnation. C’est tout sauf original, c’est tout sauf subversif, mais ça marche toujours bien car ça parle facilement à tout le monde. Après, que le Destin prenne la forme d’un animal honni, symbole de pestilence, c’est du Stephen King pur jus ! Il n’y a pas tellement plus à dire sur « 1922 », adaptation honorable d’une nouvelle efficace. Mais si l’écrit laissait un souvenir assez fort, même plusieurs années après, je doute que son adaptation, fidèle mais ultra conventionnelle, ne réussisse à faire de même.