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A Los Angeles, le policier Atticus Gore hérite d’une bien étrange enquête. Un blogueur retrouvé à l’état de squelette dans l’ancien zoo de la ville alors même qu’il était vivant il y a moins de 12h : scientifiquement impossible. Au même moment, à New York, la détective privée Kat Kordell accepte une nouvelle mission, retrouver une jeune femme marginale et dépressive disparue, à la demande d’une mère très inquiète. En apparence, ces deux enquêtes n’ont rien en commun, elles vont pourtant se rejoindre, quelque part dans le Midwest, pile-poil entre Los Angeles et New York.
Plus j’avançais dans la lecture de « Un(e)secte », plus je me demandais ce que j’étais venue faire dans un roman qui manipule une de mes trouilles principale, les insectes et autres bestioles à 6 pattes, voire plus. Parce qu’il ne fait pas longtemps pour comprendre ce qui a pu mettre un homme à l’état de squelette en quelques heures : il s’est fait bouffer vivant par des milliers de bestioles ! Pouah! Je n’ai pas finit d’en cauchemarder, de ces scènes là, comme celle de la veuve noire dans la douche ! Le thriller de Maxime Chattam utilise le procédé bien connu, et très efficace, de la double intrigue. Il y a deux histoires qui semblent n’avoir rien en commun si ce n’est un intérêt tout à fait égal, deux enquêteurs attachants (et quelques chose me dit qu’on les reverra, ils ont tout pour devenir récurrents !), un peu franc-tireur et un voyage au pays du glauque et de la marginalité, à un bout des USA et à l’autre bout, comme une sorte de miroir. Plus on avance, plus les chapitres s’alternent vite pour enfin se rejoindre, dans une gros dernier tiers. L’intrigue tient la route, et on y croit, non pas parce que c’est hyper crédible, mais parce que ça joue sur une peur primale, enfantine que la peur des insectes et autres arachnides. C’est comme un bon film d’horreur, Chattam appuie sur le bon bouton et à partir de là, zou… ! L’intrigue est claire, avec ce qu’il faut de rebondissement et de cliffhangers en fin de chapitres (encore qu’il n’en abuse pas tant que certains de ses collègues), le style est fluide, le rythme est soutenu et il est difficile à lâcher. Autant j’avais trouvé que « Le Signal » avait quelques défauts, dérapait un peu dans le surnaturel, autant ici il fait bien attention à ne pas en rajouter inutilement. Ce roman fait évidemment penser à son « Maléfice », une œuvre de jeunesse, un des trois romans de sa « trilogie du mal » qui m’avait drôlement fait flipper ! J’aime bien son nouveau héros, Atticus Gore. C’est un flic solitaire, un peu à la marge, un peu en froid avec sa hiérarchie (ça c’est bateau) mais ici, on est moins dans la caricature : il est gay, soigné, soucieux de son apparence, presque précieux, et il a des scrupules à la violence, ce qui est quand même moins bateau dans la grande famille des flics de thriller ! Le fond de l’intrigue explore le monde des nanotechnologies, met en cause les GAFA (le nouveau grand méchant loup, on dirait), décortique les comportements sectaires et l’endoctrinement (ces passages là sont pertinents) et la fin, qui n’en finit pas, même si elle rebondit plusieurs fois comme un ballon trop gonflé, n’est pas décevante. Elle manque peut-être un tout petit peu de noirceur. C’est un peu le comble pour un roman qui n’aura pas hésité devant le pessimisme, flirtant même avec la collapsologie par moment. Chattam aura sans doute voulu alléger un peu la barque, histoire qu’elle reste à flot pour les futures aventures du duo Atticus/Kate. Avec son drôle de titre en forme de jeu de mot, « Un(e)secte » confirme que Maxime Chattam est une valeur sure du thriller français : son roman tient la route, il nous embarque malgré nous dans une histoire de petites bestioles et il va en peupler vos cauchemar pour un bon moment.