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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Soeurs

Publié par Christelle Point sur 20 Mars 2021, 10:39am

La toute première enquête criminelle de Martin Servaz, c’était en mai 1993. Il n’était qu’un jeune blanc bec (pistonné) et était sous les ordres d’un chef de groupe bourru et chevronné.  Cette enquête portait sur la mort de deux sœurs, retrouvées attachées dans une petit bois non loin de la résidence universitaire. L’une avait été défigurée, l’autre non, et les deux portaient une tenue de communiante. Les deux sœurs étaient fans d’un auteur de polar sulfureux, Erik Lang, et très vite les soupçons se portent sur lui. Mais l’enquête se conclue brusquement et le coupable désigné met fin à ses jours. En 2018, la Capitaine Servaz est appelé chez l’écrivain en question pour enquêter sur la mort très bizarre de son épouse. La mauvaise impression de Servaz quant à Erik Lang sonne comme un vilain sentiment de « déjà vu », et plus il avance dans son enquête, plus l’idée que l’enquête de 1993 a désigné le mauvais coupable prends forme.

Je prends la bibliographie de Bernard Minier dans le désordre, je prends ses romans comme je les trouve et celui-ci se place après « Nuit » (pas lu), et avant « La Vallée » (moyennement apprécié). Alors il y a dans « Sœurs » des éléments que je connais déjà (et dont je connais le devenir) et d’autre que je devine. Ce que j’apprécie ici, un peu paradoxalement, c’est qu’il n’est pour une fois pas question de l’entourage proche de Servaz ni de Hirtmann, le serial Killer qui lui sert de « Moriarty ». Il enquête ici sur un double crime étrange en 1993, sans expérience au sein d’une équipe de flic chevronnés et « à l’ancienne » et en 2018 sur un autre crime mais en chef de groupe et avec toute l’expérience qui va avec. Cette double intrigue fonctionne aussi parce que ce contraste est bien vu, bien amené et bien traité. Je confesse quand même que, même si Servaz est un flic assez attachant, il a un petit côté très énervant : son snobisme. Monsieur Servaz ne laisse jamais passer une occasion de montrer son mépris pour tout ce qui est populaire (la musique, la littérature, le football, le cinéma) et son amour la grande musique, la littérature classique, la philosophie pointue, le cinéma d’auteur, etc…  Ca affleure souvent chez ce personnage et à force, ça devient un peu contre productif, le rendant assez pédant. Ce bémol étant posé, l’intrigue est assez passionnante et bien mené pour qu’on marche jusqu’à la fin, et qu’on se laisse surprendre par le rebondissement final (pas vu venir du tout !). Il y a un second coup de théâtre après celui-là, qui fonctionne un peu moins et dont on aurait peut-être même pu se passer. Ce second rebondissement est là pour appuyer sur le côté franc tireur de Servaz, comme si on n’avait pas encore compris qu’on a faire à un flic qui n’hésite pas à malmener la procédure quand il l’estime nécessaire. Mais au moins, avec Minier, les  entorses à la déontologie causent à son héros de vrais problèmes, pas comme dans ces polars où le héros brise toutes les règles et s’en sort avec une tape dans le dos ! « Sœurs » évoque quelques sujet intéressants, notamment celle des fans qui vont au-delà de l’admiration normale pour un artiste et dérapent. Assez claire pour être bien intelligible, assez complexe pour nous tenir en haleine, assez surprenante pour nous cueillir comme une fleur, l’intrigue de « Sœurs » est équilibrée et efficace. Cela fait de ce roman, à mes yeux, le meilleur roman de Bernard Minier à ce jour.

 

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