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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : La Femme Comestible

Publié par Christelle Point sur 5 Février 2021, 15:52pm

A la fin des années 60, Marian est une jeune femme qui se veut moderne : elle vit en colocation avec la fantasque Ainsley, travaille pour une entreprise de marketing et fréquente un beau jeune homme, Peter. Mais du jour où elle accepte mollement sa demande en mariage (puisque c’est ce que la société attend d’elle, qu’elle se marie, quitte son travail et fonde une famille), tout bascule. Autant sa volonté s’affaisse et elle laisse Peter prendre le contrôle de leur vie, autant son corps se retourne contre elle. Soudainement, elle ne peut plus rien manger sans vomir : la viande d’abord, puis les œufs, puis le riz, les carottes… La liste s’allonge et Marian ne sait comment réagir. Et puis dans la cadre de son travail, elle a rencontré un type un peu bizarre, Duncan. Un peu paumé, un peu étrange, malingre et obsessionnel, ce dernier exerce sur Marian une sorte de fascination qu’elle-même ne comprend pas bien. Marian ne le sait pas encore, mais son corps lutte à son insu pour ne pas se laisser dévorer par le statut de femme mariée et rangée qui l’attend. Prometteur sur le papier (et quand on connaît le background de l’auteure), « La Femme Comestible » m’a laissé… sur ma faim ! Déjà, le roman met un temps infini à démarrer et ce n’est qu’au milieu que la personnalité de Marian et sa dualité commencent à se faire sentir. Avant cela, c’est une jeune femme sans aspérité, un peu passive et revenue de tout, et on s’ennuie un peu. Et puis, lorsque ses problèmes « digestifs » commencent (très brutalement, d’une seconde à l’autre, dans un restaurant), on est partagé entre incompréhension et scepticisme. Plus on avance dans le roman, plus sa fuite en avant laisse perplexe. Son attirance pour Duncan surtout. Ce personnage est de loin celui qui met le plus mal à l’aise, encore plus qu’Ainsley (qui pourtant avait mis la barre haute en la matière), et on comprend mal, pour ne pas dire pas du tout, ce qui peut attirer ou rassurer Marian chez ce type ! Quant à la fin, métaphorique et un peu en queue de poisson, elle conclue comme il se doit un roman dans lequel, personnellement, je n’ai jamais réussi à réellement entrer. Il s’agit du tout premier roman de Margaret Atwood et on comprend en creux ce qu’elle a voulu illustrer, c’est un féminisme naissant de la fin des années 60. Marian a un pied dans les 60’s, ce monde de la femme au foyer bien mise, qui fait des apple-pie pour sa famille le dimanche et des barbecues sur une pelouse impeccablement tondue dans sa jolie robe impeccable. Mais elle a l’autre pied dans une autre époque qui vient, les 70’s et la révolution sexuelle, l’émancipation, les femmes actives et maîtresses de leur corps. Son esprit et son corps se séparent et errent entre ces deux époques, ces deux statuts, de façon désordonnée. Sur le papier le roman aurait pu fonctionner, il fonctionne sûrement pour certains lecteurs. Mais moi, je n’aurais jamais réussi à comprendre Marian, ni même à éprouver une vraie empathie pour elle.

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