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Cécile, mariée, mère de 3 beaux enfants, issue d’une famille aisée de la région bordelaise et en apparence sans histoire, est retrouvée morte au pied de son grand escalier, la crâne fracturé. C’est son (très beau et très volage) mari Patrick qui l’a découvert au retour d’une soirée entre vieux amis à laquelle sa femme avait renoncé. Cécile est-elle tombée par accident ou bien a-t-elle été poussée ? Et si elle a été poussée, par qui ? Par le mari infidèle ? Par sa maîtresse Raphaëlle, tellement amoureuse qu’elle a tout quitté pour lui ? Est-ce l’un qui a manipulé l’autre ou l’autre qui a manipulé l’un ? Ou bien est-ce les deux qui ont œuvré de concert ? C’est ce que le capitaine Castaneda va devoir éclaircir et sa tâche sera rude, tant les deux protagonistes ont une histoire compliquée et des caractères bien trempés. Le dernier roman noir de Jacques Expert se dévore plus qu’il ne se lit. Le suspens ne réside pas là où on l’attend. Dès la fin du premier tiers du roman, on a compris qui a fait quoi, et qui va se retrouver manipulé et piégé. Non, le vrai intérêt du roman, est ailleurs : comment les choses vont-elles tourner et surtout : est-ce que l’on se dirige tout droit vers une énorme erreur judiciaire ? D’une histoire de triangle amoureux parfaitement et douloureusement banale, Jacques Expert en tire un roman très réussi et terriblement addictif. Deux personnalités aux caractères complexes, entiers, insaisissables et manipulateurs s’affrontent : le mari et la maîtresse. C’est donc davantage à un face à face pervers que l’on assiste et bien malin devinera qui en sortira indemne, aucun des deux peut-être. Difficile de ne pas en dire plus sans trop en dire, il ne faut que quelques chapitres pour comprendre qu’on est dans un roman ultra efficace à défaut d’être flamboyant ou original. Les chapitres sont courts et percutant, le style très accessible et l’intrigue se déroule comme un engrenage bien huilé, jusqu’au rebondissement final. Les seconds rôles ne sont pas oubliés : la bonne copine Juliette manipulée comme de la pâte à modeler, le flic opiniâtre, le juge d’instruction déterminé, autant de personnages secondaires bien croqués et sympathiques. Les deux « héros », coupable (et/)ou victime, le sont nettement moins, sympathiques. On regrette juste que Jacques Expert n’ait pas injecté un tout petit peu plus de nuance dans leur caractère et leur dialogues, qui sont parfois un peu excessifs, je trouve. Mais c’est un détail qui ne gâche en rien la bonne impression de ce roman qui fait penser pendant un bon moment à un autre très bon roman de Jacques Expert « Comme deux gouttes d’eau ». La mécanique de « Plus fort qu’elle » (titre à double voire à triple sens) y est très similaire. Sans être flamboyant, monstrueux ou inoubliable, le nouveau roman de Jacques Expert s'avère néanmoins être une vraie petite pépite, une pépite sans prétention mais une pépite quand même.