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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Ce que tu as fait de moi

Publié par Christelle Point sur 4 Décembre 2020, 08:58am

L’Inspection Générale des Services (= La Police de la Police) est convoquée en urgence à la brigade des stups d’une ville de province où un drame vient d’avoir lieu. Ce qui s’est passé, on ne le sait pas encore mais de toute évidence, il s’agit d’une affaire extrêmement grave. Deux interrogatoires simultanés dans deux salles : dans l’une, une jeune flic stagiaire amochée, Laëtitia, dans l’autre, le commandant charismatique des stups, l’air hagard. Ils racontent aux deux enquêteurs de l’IGS comment leur vie à basculé en un claquement de doigt dans la haine, l’amour, la violence et finalement  la destruction de l’autre. La lecture de « Ce que tu as fais de moi » est presque une épreuve, tout du moins, son premier tiers. C’est peut-être que c’est parce que je suis une femme,  mais ce premier tiers est tellement malsain, tellement sordide, presque insupportable que j’avais une légère hésitation avant de reprendre ma lecture. Bon sang, j’en ai lu des trucs, mais des chapitres qui mettent mal à l’aise comme ça c’est une première ! Passé ce premier tiers, même si l’intrigue devient de plus en plus terrible telle une spirale infernale, pour moi le pire était passé. Nous sommes en présence de deux fonctionnaires de police, un commandant charismatique, plutôt  beau gosse, bien noté et reconnu par sa hiérarchie et une jeune flic sortie de l’école, pas encore titularisée, et qui est intimidée par son supérieure et pleine de bonne volonté. Sauf qu’elle est jolie, bien trop jolie et la commandant Richard Ménaiville va disjoncter. La quatrième de couverture parle de passion, mais force est de constatée qu’on est surtout devant une histoire abominable de harcèlement sexuel et moral, un harcèlement qui mènera au viol. Comme toujours chez Giebel, les rapports de force sont la clef du roman. Les deux protagonistes se manipulent, se mentent, se font souffrir à tour de rôle, personne n’en sort grandi. Laëtitia fait peut-être quelques erreurs de jugement, fait quelques choix malheureux mais c’est une victime qui se défend, je lui trouve toute les circonstances atténuantes du monde, même quand elle va trop loin, même quand elle est cruelle et provoque des drames. Lui en revanche est inexcusable tellement il va loin, tellement ses actes sont ignobles et délictueux. Il mélange tout : l’amour, le désir, la haine, la violence, il se comporte en drogué. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si Giebel campe son intrigue aux Stups et pas ailleurs, il est beaucoup question de dépendance, de manque, d’intoxication. Karine Giebel, une de mes auteures préférées, n’a pas son pareil pour touiller le fin fond nauséabond de l’âme humaine : ici tout est crédible, c’est bien pour cela que parfois la lecture du roman est si dérangeante. Après s’être attaqué à montrer par le menu ce qu’est l’esclavage moderne dans « Toutes blessent, la dernière tue », elle autopsie ce qu’est le harcèlement sexuel, le harcèlement moral (couple infernal) et c’est vraiment terrifiant. Evidemment, tout cela finit horriblement mal, la fin est noire de chez noire, mais chez Giebel c’est systématique. Qu’est-il finalement arrivé aux Stups pour que l’IGS soit appelée en urgence ? On l’apprend dans les derniers chapitres, on est à peine surpris, cela ne pouvait être autre chose que la présence du dernier invité à ce bal monstrueux : la Mort. Tout au long du roman, Giebel aura essayé de nous parler de passion, de sentiments mais il faut vraiment se faire violence pour y croire. Je sais bien que certaines passions sont destructrices, que certains amours ne nous élèvent pas mais au contraire nous abaissent, mais dans l’histoire de Richard et Laëtitia, il n’est finalement question que de sexe, de domination et de manipulation. Il faut faire des efforts démesurés pour y voir une seule molécule de sentiment. Ce roman ultra-noir n’est pas pour tout le monde, loin s’en faut. Il faut avoir les nerfs très solides pour le supporter émotionnellement. Mais si on peut supporter un voyage au pays du sordide, alors ce roman est monstrueux et inoubliable.

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