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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : L'Institut

Publié par Christelle Point sur 13 Novembre 2020, 09:30am

Luke est un petit garçon de 12 ans, fils unique et très, mais alors très précoce. En plus d’avoir un QI hors du commun, il a quelques dons de télékinésie qu’il maitrise mal. Une nuit, il est enlevé dans sa chambre par un commando, ses parents sont exécutés et lui est emmené dans une base secrète, dans le Maine, où il rencontre d’autres enfants aux dons extraordinaires. Cet institut développe les dons des gamins, les utilisent dans un but assez mystérieux pour ensuite, très vite, les fait disparaitre sans laisser de traces. Luke n’est pas le plus doué, mais par contre, c’est le plus intelligent et en bon joueur d’échec, il commence à avancer ses pions, timidement d’abord. Son but, s’enfuir et faire éclater au grand jour le fonctionnement de cet « Institut ». Même quand, au vu de la quatrième de couverture,  vous pensez que Stephen King ne va pas vous embarquer dans son délire, qu’il se répète, que ca va encore partir super bien et finir en délire surnaturel improbable, et bien vous vous faites quand même avoir ! C’est que l’on à faire à un sacré raconteur d’histoires quand même ! Il intrigue tout d’abord, avec un première partie qui semble n’avoir aucun, mais alors aucun rapport avec le sujet du roman, et il faudra attendre un sacré moment avant de faire le lien.  Ensuite, il vous immerge dans la tête d’un jeune surdoué enlevé à l’amour des siens, séquestré, manipulé, torturé même par moment, qui fait preuve d’une belle dose de résilience avant de se lancer dans une entreprise de démolition de ses bourreaux, lente, méthodique, implacable. King se recycle beaucoup avec « L’Institut », il y a du « Ca » (pour la bande de gamin en lutte contre le mal), il y a du « Shinning » (pour la télépathie), il y a du « Dead Zone » (pour la prémonition), il y a du « Carrie » (pour la télékinésie), et j’en passe… Bon, c’est vrai que depuis 1970, King a à peu de choses près tout abordé, il est un peu obligé de se répéter ! Et puis il s’autoréférence aussi, quand un de ses personnage évoque la petite ville de Salem’s Lot. Il ancre sa fiction dans la réalité de l’Amérique de Donald Trump, il surfe un peu sur la vague du complotisme, bref, il construit un récit cohérent, moderne et très anxiogène. Son roman est difficile à lâcher, on s’est attaché à ce gamin bien plus intelligent, cultivé et courageux que nous, on a envie qu’il réussisse. Et puis il y les autres gamins, que King ne laisse jamais tomber et qui eux aussi, à leur manière, vont œuvrer à la destruction de cet « Institut » de malheur. Les personnages  adultes, tout aussi nombreux, sont assez peu nuancés, il y a quelques héros, mais dans l’ensemble ils sont dénués d’affect, voire pire, ils trouvent dans l’Institut l’occasion d’assouvir des instincts bien cruels. Et ce n’est pas un hasard si, vers la fin, c’est l’Allemagne nazie (et son gout pour l’occulte) qui est évoquée. La fin, justement, une fin pleine de surnaturel (de ce point de vue, on est bien chez King, pas de surprise) mais aussi colorée d’un léger doute, et si ce fameux « Institut » était du bon côté de la barrière du Bien et du Mal ? Et si tout n’était pas si simple et si clair ? C’est impensable et pourtant, en est-on si sur ? C’est sur cette ambigüité bizarre que se termine un roman ultra efficace, un King pur jus qui ravira ses fans.

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