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Pour Nicolas, qui a une douzaine d’années, cette clase de neige est la première expérience loi n de ses parents, et il angoisse beaucoup. Il faut dire que Nicolas est un petit garçon perturbé, très angoissé, il fait beaucoup de cauchemars, il a bien du mal à se lier aux autres enfants. Ses parents sont des gens austères, protecteurs au-delà du raisonnable, toxiques même quand ils lui communiquent leur mal-être et leurs angoisses d’adultes. Cette classe de neige, qui tournera court, va bouleverser la vie de Nicolas, un petit garçon tellement habitué aux cauchemars que lorsque la réalité va le rattraper, il sera à peine surpris. Fidèlement et remarquablement adapté à l’écran par Claude Miller, « La Classe de Neige » est un roman très court, qui peut même se lire d’une seule traite. On plonge dans la psychologie de ce gamin surprotégé, terriblement angoissé par la mort et la souffrance à un âge où normalement, on est assez insouciant. C’est comme si, alors que tout semble normal à ceux qui l’entourent, lui a intuitivement acté que sa vie va basculer dans le vide et que rien ni personne ne pourra inverser la vapeur. Par petite touche, par quelques phrases un peu ambigüe, on comprend vers le milieu du roman (si on n’a pas vu le film, sinon, on sait déjà !) vers quelle réalité on se dirige, une réalité atroce, pas seulement la fin de l’enfance ou de l’innocence mais la fin de tout. Le style d’Emmanuel Carrère est d’une redoutable efficacité, il fait mouche en quelques pages, il nous happe dans cette histoire en forme de spirale infernale et nous emmène jusqu’à la fin, presque en apnée. On en sort étourdi, presque assommé par la puissance de ce tout petit roman de rien du tout, diabolique et carrément inoubliable. Ce qui fonctionne le plus, c’est la facilité avec laquelle l’auteur nous fait « revivre » la psychologue enfantine de Nicolas. Même s’il est perturbé, on se souvient avoir nous aussi avoir eu ce genre d’angoisses, ce genre de pensées, pas de façon aussi aigues, certes, mais quand même… On a souvent cette impression de « déjà-vu » ou plutôt de « déjà ressenti » à maintes reprises, c’est troublant, et cela apporte beaucoup au roman. « La Classe de Neige », qu’on ait vu le film de Claude Miller ou pas encore, est un roman ultra percutant sur l’enfance, sur l’enfance saccagé d’un petit garçon de 12 ans qui, au fond, a toujours pressenti que sa vie serait semblable aux cauchemars qui le réveillent la nuit.