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Nous sommes en 2040, à Tourmens. Ca fait déjà un bon moment que l’ancien CHU est devenu Le CHHT, le Centre Hospitalier Holistique de Tourmens. Sous l’impulsion de Jean Atwood (voir « Le Chœur des Femmes »), tout a été repensé dans les années 2020. En s’affranchissant de la tutelle universitaire, le CHHT à tout repensé du sol au plafond, on ne soigne plus comme avant mais de façon vertueuse, tout a été féminisé, jusqu’au nom des professions qui ont été entièrement repensées. Nous sommes donc dans un hôpital progressiste, expérimental et indépendant de tout, une sorte d’utopie hospitalière. Un ancien informaticien en quête de sens, un jeune homme qui se prénomme Hannah, décide de postuler dans cette structure si avant-gardiste. J’étais très heureuse et impatiente de découvrir la suite (lointaine) du « Chœur des Femmes », je m’en faisais une joie, vraiment, parce qu’aime cet auteur. Et c’est peu dire que j’ai été décontenancée par le dernier roman de Martin Winckler. C’est un peu énervant car on sent bien que Winckler cherche à faire passer des idées importantes avec ce roman, des choses essentielles, mais ça ne marche pas. En fait ça marche mais par bribes, par intermittence car on met très longtemps à comprendre où il veut en venir. Winckler, en voulant mettre dans son roman toute la philosophie humaniste qui est la sienne, oublie un peu le lecteur en route. Le récit s’éparpille aux quatre vents, il lui manque une vraie et solide colonne vertébrale. L’hôpital qu’il décrit, sorte de bulle d’humanisme féministe dans une France sclérosée et appauvrie dans tous les domaines, est tellement éloigné de ce que l’on considère comme un Hôpital standard que cela en devient surréaliste, outrancier, et même presque inquiétant. La féminisation systématique de tout par exemple, l’obsession de genre jusque dans les tous petits détails anodins, ça finit presque par être contre-productif et même en tant que femme, même en tant que féministe on finit par trouver cela ridicule, un comble ! Ce n’est que dans les 50 dernières pages que l’on comprend où l’auteur veut en venir, et là il flirte avec la science fiction, il nous fait le coup de « Retour vers le Futur », il se met même en scène ! C’est drôle, c’est malin (sauf que ce n’est pas nouveau) mais ca arrive trop tard et ça ne sauve pas le roman. En fait, il est probable qu’il aura perdu trop de lecteurs en route qui ne verront pas cette fin « pirouette » car ils auront lâché l’affaire avant ! Encore une fois cela me navre d’avoir eu tant de mal à terminer un roman de Martin Winckler, que j’adore depuis « La Maladie de Sachs ». Avec « L’Ecole des Soignantes », il a voulu faire trop, trop compliqué, trop progressiste, trop féministe, trop tout et son message s’en est trouvé brouillé. Dire que c’est dommage est un euphémisme.