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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Les Simples

Publié par Christelle Point sur 18 Août 2020, 14:51pm

En cette fin de XVIème siècle, l’abbaye féminine provençale tenue de main ferme par Sœur Marie-Vérane est florissante. Dotée d’un hôpital qui soigne les petites gens, les préparations médicinales qui sont concoctées par les Sœurs sont réputées et assurent une sécurité financière qui fait un envieux : l’Évêque Jean de Solines. Il n’aimerait rien tant que de mettre le grappin sur l’abbaye et ses revenus. Il envoie alors un jeune vicaire avec pour mission de chercher le scandale, et s’il ne trouve pas, de chercher mieux, et s’il ne trouve toujours pas, d’en provoquer un. Cette mission n’est que le premier battement d’aile d’un papillon qui va déclencher un cataclysme qui s’avérera apocalyptique. Pas forcément facile d’accès, le roman de Yannick Grannec met un petit moment à accrocher son lecteur. La raison est triple, un style volontairement ancien, très riche, presque ampoulé (avec du latin, des mots qui m’étaient inconnus, des expressions propres à l’époque) pour coller à l’époque (la Renaissance) où se situe l’intrigue, le nombre important de personnages et surtout un monde ecclésiastique qui nous est aujourd’hui très étranger, avec ses codes, sa hiérarchie, ses coutumes. Du coup, pour ce qui est des premiers chapitres il faut s’accrocher. Mais pas d’inquiétude car finalement assez vite on comprend ce qui se joue. En cherchant désespérément une preuve pour priver les moniales de leur abbaye, l’évêque ouvre une brèche dans laquelle tout va s’engouffrer : mensonges, trahisons, ambitions personnelles, affrontement du séculier et du régulier, règlements de comptes, manipulations, aveuglement, lâchetés, le château de cartes érigé par Sœur Marie Vérane s’effondre entraînant tout sur son passage, y compris hors des murs. Comme le dit la quatrième de couverture, le Diable est partout et en chacun de nous, mêmes les plus purs, mêmes les plus sages, tout le monde est capable du pire, pourvu que les circonstances s’y prêtent. Le roman est construit comme une spirale infernale que rien ne semble pouvoir arrêter et on dévore derniers chapitres avec gourmandise et surtout effroi, les 10 dernières pages étant carrément édifiantes. Il s’agit d’une fiction, posée sur un contexte historique très documenté et tout, absolument tout est douloureusement crédible. Même si le style est précieux, le roman n’est pas dénué d’un humour grivois assez réjouissant, et efficace (certaine Sœurs n’ayant pas la langue dans leur poche!). La galerie de personnages présentée est assez croquignolesque, certains personnages cachant rudement bien leur bassesse alors que d’autres nettement moins ! Plus j’avançais dans la lecture des « Simples », plus je me disais que ce récit ferait des merveilles sur un écran de télévision ou mieux, de cinéma. Bien sur, ce ne serait pas « tout public », mais ça ne laisserait personne indifférent. Je ne m’y attendais pas, surtout au vu des premiers chapitres, mais « Les Simples » est un roman historique hautement recommandable.

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