Le coin des livres : Les Anges de New-York

Pour Franck Parish, inspecteur à la criminelle de la NYPD, les temps sont durs. Sa carrière ne tient qu’à un fil : Il vient de perdre son coéquipier (ce qui lui est arrivé est raconté dans l’avant-dernier chapitre, et c’est terrifiant !), il a une retenue sur salaire, plus de permis de conduire et l’obligation de voir une psychologue de la police tous les jours.  En plus, on lui attribue un nouveau binôme, un jeune blanc-bec, avec qui il doit composer. Sa vie personnelle, c’est encore pire : son ex-femme le gonfle, ses enfants sont plus ou moins en froid avec lui, il a un sérieux problème avec l’alcool et la seule relation suivie qu’il a, c’est avec une prostituée. C’est la découverte d’une jeune fille assassinée dans l’appartement de son frère qui va déclencher une enquête qui deviendra vite obsessionnelle. Rapidement, Franck acquiert la certitude que cette victime est la partie immergée d’un immense iceberg, il se lance dans une enquête protéiforme, en s’affranchissant parfois des règles, au risque de faire fausse route et de gâcher le peu qui lui reste. Avec RJ Ellory, je continue mon périple au travers des mythes américains, après les sérials killers, la CIA et la question raciale, c’est la NYPD qui est à l’honneur dans « Les Anges de New-York ». Le roman est double, d’un côté il y a l’enquête elle-même de Franck, passionnante, hyper claire, avec juste ce qu’il faut de crédibilité et de suspens, de l’autre il y a Franck et ce qu’il raconte chaque jour à sa psy. Il parle beaucoup de son père et on comprend très vite que c’est ce père qui est à la source de pas mal de ses soucis. Ce père était un grand flic de New York dans les années 60-80, décoré, mort en service, un héritage lourd à porter. Mais Franck, lui, sait bien que la réalité est loin du mythe et que son père était corrompu jusqu’au trognon, et il ne peut en parler à personne, cette vérité là est inaudible et le ronge. Au travers de l’histoire paternelle, RJ Ellory évoque la face sombre de la NYPD et le New York hyper violent des années 70-80, vérolé par la mafia et la corruption. Franck, lui, symbolise un peu l’inverse, une police moderne et soucieuse du bien public. Le point commun, finalement, c’est surtout la liberté prise avec la procédure, pour le pire avant, pour le meilleur aujourd’hui. Les chapitres consacrés au père de Franck ne sont pas les plus intéressants, c’est compliqué et il n’est pas toujours très facile de se figurer l’ensemble du tableau. Et puis les histoires de mafia m’ont toujours un peu gonflées alors… En revanche, l’intrigue policière est sacrément bien menée, solide et carrément addictive. Jusqu’à la fin, on se demande si Franck a raison de se fier presque aveuglément à son intuition ou s’il s’obstine et fonce tête baisée vers la grosse erreur judiciaire. Je recommande vivement ce roman noir et au-delà, cet auteur un peu trop méconnu à mon goût.