
Après plusieurs années et plusieurs tentatives, Sasha va enfin mener une grossesse à terme et elle et son mari Mark vont enfin avoir leur petite fille tant désirée. Mais suite à un accident de voiture, tout dérape : accouchement en urgence, anesthésie générale, césarienne et arrivée d’un bébé très prématuré. A son réveil, c’est un petit garçon fragile qu’on lui présente et immédiatement, elle sent que ce bébé n’est pas le sien. Tout le monde la croit en train de faire un début de dépression post-partum mais elle n’en démord pas : son bébé à été échangé contre un autre. Et plus elle s’obstine dans cette idée, plus le piège de la psychiatrie se referme sur elle. Personne ne le croit, ni les infirmières, ni les médecins, ni les psychiatres, ni son propre père, ni même Mark qui est complètement désemparé. Sasha peut-elle vraiment avoir raison contre tous et contre les évidences, ou bien est-elle gravement dépressive voire dangereuse ? L’intrigue de « L’erreur » tient en une petite semaine, entre l’accouchement et la sortie de l’hôpital de Sasha. Un récit à la première personne entrecoupé de flash back et de quelques chapitres narrés par Mark, donnant sa version des faits et ses impressions. Jusque dans ses tout derniers chapitres, on n’arrive pas bien à déterminer si Sasha a vu juste ou si elle délire complètement. Il faut dire qu’entre le premier et le dernier chapitre, Susi Fox a multiplié des révélations sur le passé de Sasha et Mark, comme autant de clefs pour le lecteur. Le passé familial de Sasha, son passé professionnel de médecin pédiatre, son couple avec Mark, ses deux fausses couches précédentes, tout ce qu’on apprend au fil des pages nous donne du grain à moudre dans un sens, puis dans l’autre. Si on part du principe qu’une mère, au fond de ses entrailles, sait reconnaitre son enfant (ce qui se discute, j’imagine…), on sait aussi que certaines femmes font des dépressions, n’arrivent pas à aimer follement et immédiatement leur bébé, ne font pas le deuil de « bébé parfait », et que Sasha peut parfaitement entrer dans les deux catégories. C’est la principale qualité de ce thriller, nous promener sur la corde raide pendant 400 pages sans que l’on sache jamais de quelle côté la balance va pencher. Tout est suffisamment subtil pour qu’on croie Sasha, et tout est suffisamment crédible pour qu’on la croie malade et perturbée. Je ne peux évidemment pas trop évoquer le dénouement, je vais donc juste dire qu’il est intéressant, plutôt bien vu t bienvenu. Susi Fox nous offre un thriller de « femme » plus qu’un thriller de « mère », qui remplit parfaitement son office, nous laisser dans l’expectative jusqu’au bout, en nous faisant enchainer les chapitres sans presque s’en rendre compte. Ils ne sont pas si fréquents, ces récit qui évoquent le sujet tabou du post-partum, que cela soit fait sous forme d’un thriller permet aussi de mettre cette question mal connue et encore mal acceptée à la portée du plus grand nombre. En résume, c’est un bon « page turner », sans prétention et sans défaut majeurs, à part peut-être celui d’être un tout petit peu répétitif à la longue. En effet, Sasha rumine beaucoup tout au long des chapitres, elle se monte le bourrichon sur des détails et cela peut lasser un tout petit peu à la longue. Mais rien de rédhibitoire, ce thriller féminin est très recommandable.