
Le jour où Alice va rendre visiter en prison à son frère Adam (délinquant en col blanc), elle ne s’attend pas à ce que ce dernier, en pleine crise mystique, ne lui confesse un secret de famille assez terrible. Adam, à l’adolescence, à commit quelque chose de très grave qui a changé sa vie, et probablement irrigué la vie de toute sa famille depuis cette date. Alice va devoir vivre avec cette révélation, et relire toute sa vie à l’aune de ce secret de famille qui n’en n’est désormais plus un. Premier tome d’une trilogie, la lecture de « La symphonie du Hasard » donne le ton, on entame une grande saga familiale au travers des yeux de la jeune Alice Burns, une saga qui débute en 1970 et va nous faire traverser l’histoire des USA des 70’s, voire au-delà. Dans ce premier tome, Alice relate à la première personne ses années lycées, sa famille dysfonctionnelle (où les rares fois où on communique, c’est pour se quereller) le drame de cette copine de classe disparue dans des circonstances plus que troubles, puis le départ pour la fac, les cours, ce professeur mentor qui la guide, ses premières amours. Et puis il y a parallèlement la grande Histoire, les droits civiques, la guerre du Vietnam qui n’en finit pas de finir, la réélection de Nixon et le Watergate, le coup d’État du 11 septembre au Chili, ces événements sont davantage qu’une toile de fond, ils interfèrent dans l’histoire d’Alice et des siens, guident leur actions, façonnent leur destin. Le premier tome de « la Symphonie du hasard », décrite ainsi, peut sembler banale et peu passionnantes et pourtant le roman fonctionne assez bien. Le style agréable de Douglas Kennedy aidant, on se laisse prendre assez vite au jeu. Les drames semblent coller à la jeune femme, le système universitaire élitiste et injuste à la fois provoque des catastrophes, l’homophobie ambiante (extrêmement présente) entraîne des tragédies et au milieu de tout cela, Alice tente de se construire, et de construire sa personnalité, sa propre idéologie. Le fonctionnement de la famille Burns est particulièrement intéressant : deux parents qui se détestent, un père et un frère cadet très républicains (qui travaillent dans une mine d'Atacama et vont être mêlés au coup d’état de Pinochet), un frère aîné très démocrate, une mère castratrice et frustrée, dans cette famille on ne parle que pour exposer ses différences, on s’aime sans jamais ni se le dire ni se le prouver. Pas facile pour Alice, qui semble la plus équilibrée (mais elle est narratrice, le point de vue s’en trouve forcement biaisé), de se construire, de s’épanouir au milieu de cette poudrière. Si on est familier du style de Douglas Kennedy et de la façon qu’il a un peu systématique de mener ses intrigues, on est agréablement surpris, sa trame est enfin différente du schéma habituel, c’est sans doute l’effet « trilogie », mais n’empêche, ce n’est pas plus mal. Sans être inoubliable et ébouriffant, « La Symphonie du Hasard » est agréable et délicate aux oreilles du lecteur... Le roman se termine un peu brutalement sur une double rupture, sentimentale et universitaire, à suivre...