
Une jeune femme suicidée retrouvée les veines tranchées dans une piscine municipale, c’est la nouvelle affaire attribuée au groupe 3 de la Crim’ de Paris. C’est une affaire qui n’en n’est pas vraiment une, puisque que le suicide est incontestable. Mais n’empêche, pour la seconde de groupe Rhonda, il y a quelque chose à comprendre de ce suicide et elle ne lâchera pas l’affaire. Le chef de groupe Tomar Khan, de son côté, est dans de beaux draps. Il est plus ou moins mis en cause dans la mort du flic de l’IGS qui le persécutait par la nouvelle procureure aux dents longues (un personnage prometteur) qui l’a dans son collimateur. Le nouveau roman (assez court) de Niko Tackian prend directement la suite de l’épatant « Fantazmë». Le roman suit parallèlement une nouvelle intrigue, celle de la jeune suicidée, tous en continuant de développer l’histoire de Tomar Kahn, commencée il y a plusieurs tomes. Il est vraiment préférable de lire « la saga Tomar Khan » dans l’ordre, au risque de ne pas bien tout comprendre, ce qui serait très dommage. Cette seconde intrigue, commencée avec l’affaire Müller, n’en finit pas de finir, mais semble trouver ici (enfin) sa conclusion. La personnalité décidément très borderline de Tomar Khan est toujours aussi déconcertante par moment, sa propension à la violence, doublé de sa maladie, le rend presque plus inquiétant que sympathique. Quant à l’intrigue concernant le suicide, elle semble malheureusement un peu faible et se termine de façon un tout petit peu alambiquée. Sur le fond, le thème de la violence psychologique est intéressant (sujet déjà abordé, mais de manière différente, dans « Toxique ») mais on a l’impression que le roman ne va pas assez loin dans l’analyse du sujet. Les psychologies des personnages partis prenantes de l’affaire sont un peu dessinées à gros traits, on aurait aimé en savoir plus, pour mieux comprendre à la fois les victimes et les bourreaux. Il est un tout petit peu décevant, ce roman, peut-être trop court, un peu expéditif, comme si Niko Tackian voulait enfin boucler l’affaire Muller qui n’a que trop duré tout en lui annexant une intrigue « dans l’air du temps » sur la violence faite aux femmes. Je ne doute pas de sa sincérité sur le sujet, je regrette juste que son roman effleure le sujet au lieu de l’explorer comme il le mérite. On a l’impression d’un roman de transition avec « Celle qui pleurait sous l’eau » (quel joli titre néanmoins!), avant peut-être une nouvelle aire pour Tomar Khan et son équipe. Malgré ces petits bémols, le roman est agréable à lire et bien vite dévoré.