
Récemment séparée du père de ses deux enfants, Fi est également propriétaire avec lui d’une belle maison bien cotée dans un quartier prisé de Londres. Leur deux enfants occupent en permanence la maison et son ex Bram et elle y passe une semaine sur deux, c’est un nouveau système de garde partagé qui semble leur convenir. Un vendredi après-midi, Fi arrive dans sa rue et découvre ébahie que des étrangers sont en train d’emménager dans la maison, que ses meubles et ses affaires ont disparus, Bram est introuvable et les enfants ne sont pas à l’école. Désemparée, Fi comprend vite que son ex à fait un faux en écriture et vendu la maison, puis s’est volatilisé. Ils étaient marié depuis plus de 10 ans et la séparation se passait plutôt bien, rien ne justifie une escroquerie de ca calibre, du moins en apparence. J’avais entendu parler de ce roman sur Europe 1 et ce n’est pas la première fois que le chroniqueur littéraire de cette radio donne des conseils judicieux pour faire découvrir des romans étonnants. Ici, il s’agit d’un thriller britannique original dans la forme comme sur le fond. Dans la forme déjà, les chapitres racontant le fameux vendredi 13 janvier 2017 (la découverte du pot aux roses et ses suites) s’alternent avec un long double flash back : Fi raconte son histoire dans un postcast à la mode (ses interventions sont commentées par des post twitters des auditeurs, qui sonnent justes : péremptoires moralisateurs et moqueurs) et puis dans un document Word et dans la foulée, Bram raconte sa version des mêmes faits. Nous avons donc les deux versions des faits passés, les uns éclairant les autres. Sur le fond, c’est une peinture sans concession du couple et de ses mécanismes autodestructeurs. Fi semble de bonne foi, victime naïve et parfaite d’une escroquerie incompréhensible. Bram de son côté est loin d’être un mari parfait : une erreur entrainant un mensonge va en provoquer un encore plus gros, puis un autre encore plus gros et très vite, cette homme ordinaire est pris au piège du cauchemar de ses propres lâchetés et de ses propres dissimulations. Là où le roman est pertinent, c’est qu’au final, dans les derniers chapitres, celui qui commet le pire n’est pas forcement celui qu’on pensait en être capable. On se laisse surprendre par l’intrigue, très crédible et assez du coup, assez flippante : L’enchainement des faits ressemble à un piège qui se referme imparablement sur le pauvre Bram, certains rebondissements sont un peu plus faciles à deviner que d’autres mais dans l’ensemble, c’est redoutable d’efficacité et difficile à lâcher. On s’attache à Fi, on a pitié d’elle, on s’attache à Bram, on finit par avoir presque plus pitié de lui tellement ce qui lui arrive semble sans issue. La fin est assez noire, un peu sèche et presque frustrante. C’est une belle découverte que ce roman de Louise Candlish, et je le recommande vivement aux amateurs de thrillers psychologiques. La quatrième de couverture évoque « Les Apparences » de Gillian Flynn et c’est vrai que « Chez Nous » lui emprunte son thème central : l’enfer du couple, et la tension psychologique de l’intrigue, tellement épaisse par moment qu’on pourrait la couper avec un couteau !