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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Les Testaments

Publié par Christelle Point sur 5 Avril 2020, 08:46am

Qui a lu « La Servante Ecarlate » n’a qu’une envie, savoir ce qui advient de Defred au-delà des pages, et qu’advient il également de la Théocratie de Gilead ? Au travers de 3 témoignages, analysés à postériori (comme l’était le journal de Defred dans « La Servante Ecarlate », dans la forme c’est la même démarche, avec la petite conférence de la fin), nous revoilà dans l’enfer de Gilead. Il y a le témoignage du témoin 369A, une jeune femme élevée à Gilead qui a aujourd’hui presque 20 ans, et dont l’avenir semble bouché : mariage forcé ou vocation à devenir Tante Machinchouette. Son long témoignage alterne avec le témoin 369B, une jeune fille un peu plus jeune qui vit au Canada, et qui observe de l’extérieur ce régime mortifère, avant de comprendre qu’elle est liée à lui bien plus étroitement qu’elle ne le croit. Et puis s’intercale aussi le testament olographe de Tante Lydia, seul personnage déjà présent dans le premier tome, qui raconte comment elle est devenue tante Lydia et quel but elle poursuit, avec obstination et machiavélisme. Ces trois personnages vont finir par se rencontrer et œuvrer ensemble, malgré leurs différences, dans un monde qui broie les femmes sans aucune pitié. Il n’est pas très difficile de deviner qui est 369A et qui est 369B, le rebondissement censé dévoiler leur identité est un secret de polichinelle, et dés les premiers chapitres. Que retenir de ce moment de lecture tant attendu ? D’abord, « Les Testaments » étanchent un peu notre envie de savoir ce qui est advenue de Defred, même si elle n’apparait pas dans le roman, son destin est évoqué à mot couvert à plusieurs reprises, comme celui de Nick et de Luke. Ensuite, il y a tante Lydia, cette femme détestable dans le premier roman, où elle tient le rôle du bourreau (puisque le roman est écrit du point de vue de sa victime). Lui donner la parole aujourd’hui pour expliquer comment elle est devenue Tante Lydia nous permet de la voir sous un angle différent, celui de la victime. Mais une victime machiavélique qui rumine longtemps, très longtemps sa vengeance.  C’est un défi de changer presque du tout au tout la perception d’un personnage d’un roman à l’autre, mais je dois dire que cela fonctionne et prouve surtout que dans un régime totalitaire, il n’y a pas que les bons d’un côté et les méchants de l’autre avec entre eux une barrière étanche, la réalité est plus difficile, douloureuse et nuancée.  Troisième intérêt à la lecture des « Testaments » : voir ce qu’est devenu Gilead après presque 20 ans d’existence. Dans le premier roman, le régime est tout neuf et il écrase tout sur son passage.  20 ans après, il est presque pourri sur pied, miné de l’intérieur par la nature humaine, les rivalités, l’ambition et la corruption. C’est le propre aussi de presque tous les régimes autoritaires, même (et je dirais même surtout) quand ils sont parés des principes les plus purs. Dernier intérêt : situer ce roman vis-à-vis de la série. L’impression que l’on a, c’est que si le premier livra à inspiré la série, c’est peut-être  la série qui a inspiré ce second roman, en imposant des personnages, une ambiance, un contexte international aussi. « Les Testaments » nous frustrent aussi sur certains points : que sont devenues les « colonies » ? Qu’en est-il du contexte géopolitique avec le reste du monde ? Il faut faire fi de ces petites lacunes pour replonger sans hésiter dans « les Testaments », replonger dans l’enfer de Gilead, et nous rappeler, encore et toujours que si le pire n’est jamais certain pour les femmes du monde entier, il reste toujours possible. Il suffit d’un contexte, d’une crise, d’un fléau et tout peut tourner (très vite) à la tyrannie…

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