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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : D.

Publié par Christelle Point sur 28 Avril 2020, 08:30am

Le roman historique de Robert Harris a eu deux titres, il s’est d’abord appelé « D. », puis « J’accuse » pour surfer sur le succès de son adaptation. Je préfère « D. », plus pertinent, plus énigmatique et presque plus poétique. En 600 pages, Robert Harris réussi un pari fou : rendre attractive, compréhensible, et même passionnante une sombre affaire de plus d’un siècle (dont on connait le dénouement de surcroit), nébuleuse et (sur le papier) peu engageante, celle de l’Affaire Dreyfus. La bonne idée, c’est l’angle : raconter l’histoire à la première personne au travers du Colonel Picquart, sans doute le premier Dreyfusard de l’Histoire. Georges Picquart, militaire jusqu’au bout des doigts, antisémite bon teint, qui a même participé de façon indirecte au procès (miliaire et presque fantoche) de Dreyfus et donc à sa condamnation, prend de mauvaise grâce le commandement du service dit de « statistique » de l’Armée, en réalité le contre-espionnage et le renseignement. Le roman commence alors que Dreyfus est déjà exilé, sa condamnation est raconté au travers que quelques flash back.  Nous sommes à la fin du XIXème siècle, la paranoïa et la haine contre l’Allemagne va amener l’Armée Française à des extrémités assez inimaginables aujourd’hui, dans une démocratie. Dans le cadre de son travail, Picquart débusque un espion à la solde des Allemands, un type minable qui vends des secrets de seconde zone, et en enquêtant, découvre que c’est ce dernier, le dénommé Esterhazy, qui est le véritable espion de l’Affaire Dreyfus, ce qui implique l’innocence de Dreyfus. Pour l’Etat-major, se déjuger est impossible, surtout que Dreyfus est le coupable parfait : il est alsacien (une partie de sa famille à choisi l’Allemagne après 1870), il est riche et ne s’en cache pas et surtout, il est juif. C’était le coupable idéal, il FALLAIT que ce soit lui, même au prix de dédouaner un véritable traitre et même, le comble, de le protéger ! Dans un style agréable et facile à lire, Robert Harris suit le combat du courageux Picquart, qui semble bien seul, pour faire rejuger Dreyfus, non par amitié, non par grandeur d’âme mais pour la seule et unique raison qu’il est innocent. Il paiera le prix fort : menace de mort, dégradation, prison, renvoi à la vie civile sans jamais céder à la facilité de laisser tomber. En face, l’Etat-major  et ses petites mains serviles (le Colonel Henri, adjoint au service statistique, personnage assez fascinant du point de vue psychologique) sombre dans la spirale infernale du déni, allant jusqu’à menacer un jury populaire dans un procès civil, multipliant les faux témoignages, les faux en écritures, tout ça sans jamais oublier les sous entendus antisémites d’une époque qui l’est profondément. C’est édifiant en plus d’être clair et passionnant. Je n’avais pas lu Robert Harris depuis « Fatherland » et « Pompeï » (ce dernier ne m’avait pas emballé) mais je dois dire que dans cet exercice particulier qu’est de raconter un fait historique et le romançant tout en lui restant fidèle, son « D. » fera date. Du coup, je vais peut-être me pencher sur le reste de son travail. En attendant, je ne peux que recommander très chaudement « D. » : 600 pages pour au final apprendre beaucoup et comprendre comment l’Affaire Dreyfus à coupé en deux la France pendant tout le XXème siècle.

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S
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo) Au plaisir.
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