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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Il faut qu'on parle de Kevin

Publié par Christelle Point sur 15 Mars 2020, 16:50pm

Eva Khatchadourian vit séparé de son mari et de sa petite fille, et dans la petite ville où elle réside tout le monde la regarde bizarrement. Et pour cause, il y a un an, son fils Kevin, presque 16 ans, à tué 9 personnes dans son lycée, 7 élève, une professeur, et un employé de la cafétéria. Eva écrit à son mari, elle raconte dans l’ordre tous les évènements qui l’ont amené à ce JEUDI funeste, depuis leur rencontre jusqu’à l’impensable, cette grossesse sont elle ne voulait pas vraiment, ce fils pour qui elle n’a pas eu d’amour immédiat et inconditionnel, son enfance si étrange, son adolescence si perturbante. Et ce qu’elle raconte dépasse l’entendement. Tous ceux qui ont vu le film éponyme n’ont pas pu l’oublier, c’est impossible ; et bien tous ceux qui liront « Il faut qu’on parle de Kevin » ne pourront plus jamais l’oublier. Dans sa forme déjà, il renoue avec une tradition un peu désuète, le roman épistolaire. Il s’agit de longues lettres, écrites entre novembre 2000 et avril 2001, où Eva parle à la fois de sa vie d’aujourd’hui, de l’actualité, de ses visites au parloir, et à la fois de Kevin, de sa conception à la tragédie. L’écriture est dense, le roman est long, foisonnant, il y a pas mal de redites mais si on fait l’effort de s’accrocher lors des premiers chapitres, on est récompensé par un récit à la fois implacable et remarquablement écrit. Sur le fond, Lionel Shriver raconte cet enfant différent au travers des yeux de sa mère. Kevin n’a été désiré réellement que par son père, lequel n’ouvrira jamais les yeux sur la personnalité de son fils, lui trouvant perpétuellement des excuses, faisant montre d’une indulgence terrible. Eva, elle, voit clair dans la personnalité de cet enfant qui, dés ses premiers jours, se montre différent, hostile, agressif. L’enfant décrit par Eva est d’une intelligence supérieure à la moyenne mais il est plus que perturbé : il est malfaisant, il est psychotique, il est psychopathe au sens clinique du terme, c’est  à dire qu’il n’a aucun affect, pour rien, pour personne. De sa naissance à 16 ans, Kevin multipliera les signes précurseurs d’un drame que personne ne saura prévenir, tant il est inimaginable au sens premier du terme. C’est sur, comme on sait d’emblée comment son parcours se termine, alors on a beau jeu de décrypter ce gamin facilement mais il n’empêche, quelle démonstration ! La quatrième de couverture parle d’une leçon de pédopsychiatrie, je n’aurais pas dit mieux.  Eva, quant à elle, doit batailler avec un sentiment de culpabilité que la société américaine lui renvoie sans ménagement. Quelle ironie alors qu’elle est la seule à avoir senti un problème chez son fils. Mais c’est toujours plus ou moins la faute de la mère, n’est ce pas ? Et puis, il y a le contexte, La tuerie de Colombine et toutes celles qui l’ont précédées, et toutes celles qui l’ont suivies. Lionel Schiver passe au scalpel cette « mode » de la tuerie de masse en établissement scolaire (série en cours), dans laquelle le triste Kevin s’inclus avec une fierté qui en dit long. La fin est un choc, en tous cas si on n’a pas vu le film avant, et elle laisse un souvenir durable dans la mémoire du lecteur. « Il faut qu’on parle de Kevin » est un roman comme on en rencontre pas souvent et qui mérite peut-être plusieurs lectures tant il est dense et tant il est pertinent. C’est un roman inoubliable.

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