
Noémie Chastain est chef de groupe aux Stups, elle est ambitieuse, et elle vit une jolie histoire d’amour avec son second de groupe. Alors qu’elle est sur le point d’arrêter un important caïd, sa vie bascule : elle est défigurée par une rafale de plomb. Hospitalisation, antalgiques, chirurgie, soutient psychologique, puis opération faciale, Noémie doit tout affronter seule puisque son compagnon, dépassé par la situation, la quitte. Une fois rétablie (mais toujours défigurée), elle veut retrouver ses fonctions mais sa hiérarchie et ses collègues sont réticents. On lui confie une mission pour l’éloigner : un audit du commissariat de Decazeville, prélude à sa fermeture. La mort dans l’âme, Noémie accepte, sans savoir qu’elle va au devant de l’enquête de sa carrière et d’une nouvelle vie. A chaque fois que je prends en main un roman d’Olivier Norek, je m’attends à le trouver plus fort, plus aboutit que le précédent. Ici, le défi était de taille après la monstrueux « Entre Deux Mondes » (dont j’apprends au passage la prochaine adaptation à l’écran, chouette !). Norek prend le contrepied parfait de ses romans précédents : une femme (jusqu’ici ses héros étaient des hommes), un contexte rural (après la banlieue parisienne et la jungle de Calais), un cold case (après l’actualité brulante et la crise migratoire). Il nous offre à la fois un portrait de femme et une enquête qui fait irrésistiblement penser à un épisode de la série « Cold Case » (avec même le petit gimmick de la fin, pour ceux qui connaissent), et à mes yeux c’est loin d’être un défaut. L’intrigue est limpide en dépit des fausses pistes, des impasses et des chemins de traverse. Elle nous guide dans le spas de Noémie jusqu’à une double fin, avec deux rebondissements successifs (bien amenés, crédibles). Le style est toujours aussi agréable, les personnages bien croqués avec parfois une pointe d’humour, on tourne les pages et on arrive à la fin des 425 pages sans s’en rendre vraiment compte. Noémie est attachante et on la sent se reconstruire au fil des chapitres, accepter son nouveau visage même si c’est difficile et douloureux. Il ya du suspens, des scènes d’action, de la tension psychologique et même de la romance, c’est un polar parfaitement maîtrisé et bien dosé, efficace. On reste quand même confondue et même assez choquée par la façon dont la hiérarchie de la Police parisienne met sur la touche l’une des leur blessée en service commandé. Se serait-il comporté ainsi avec un homme ? On est en droit de se poser la question d’un machisme mal digéré dans la Police. Sans jamais le dire ainsi, Norek insinue le doute chez le lecteur. « Surface » est, à mes yeux, juste en dessous de « Entre Deux Mondes » mais pas loin derrière, c’est un très bon polar pour les amateurs du genre.