
Il y a 3 ans, le voyant marocain a été formel : Charlotte mourra le 28 octobre de mort violente. Pour tout dire, depuis cette séance étrange, Charlotte n’avait pas trop repensé à cette prophétie, qu’elle considérait presque comme une mauvaise blague. Sauf qu’on est le samedi 27 octobre au soir, et sur BFMTV elle apprend qu’un tueur de blonde sévit dans la capitale. Plus elle regarde, plus elle se rend compte qu’elle correspond à la victime parfaite : jeune, célibataire, blonde avec un chat. La journée du 28 qui s’annonce sera celle de la paranoïa totale, au point de dire et faire n’importe quoi, au point même de se mettre en danger et du coup, de précipiter elle-même son destin. Jacques Expert est un de mes auteurs de polar préféré et avec « Le Jour de ma Mort », il nous propose un thriller assez court, qui s’étale sur les 24h de la journée du dimanche 28 octobre. Les chapitres alternent entre Charlotte d’une part, Charlotte qui flippe, qui panique, qui voit des sérials killer partout, qui se met bêtement en danger en croyant se protéger et d’autre part cet inconnu qui prépare son nouveau crime. Qui est-il ? Est-ce bien Charlotte qui est dans son viseur ou bien quelqu’un d’autre ? Parlons de Charlotte tout d’abord, une jeune femme assez antipathique, imbue d’elle-même et qui se persuade au fil des pages qu’un tueur se cache dans son immeuble, sous les traits d’un voisin, sous les traits d’un homme de la rue, sous les traits même de son fiancé (la description qu’elle fait de lui met mal à l’aise). Charlotte voit les heures s’écouler et sa paranoïa grandir, elle fait n’importe quoi, se met dans des situations impossibles, elle se met en danger à force de paniquer et de faire les mauvais choix. On n’est pas en franche empathie avec elle, et ce n’est pas nouveau chez Jacques Expert, ses victimes (ou ses enquêteurs) sont rarement sympathiques. Ensuite, le tueur, qui prépare son coup et nous apprends, au fil des chapitres le concernant, qu’il est en fait un pur psychopathe. Cette menace là, qui fait tant flipper Charlotte, on comprend assez vite qu’elle est bien réelle et tangible mais on ne saura que dans les dernières pages si elle était ou non sur la liste du tueur. Ce n’est pas un thriller inoubliable mais c’est rudement efficace, et ça fait penser à son très court et percutant « Tu me plais ». Au final, c’est un roman sur la Peur avec un grand P plus que sur un tueur de blonde : l’étude psychologique de la peur qui s’empare implacablement de Charlotte, bloque sa réflexion, prend le pas sur tout le reste, est assez bien vue. C’est court, efficace, percutant et très noir, un bon petit thriller bien troussé en somme.