Le coin des livres : L'Outsider

Ca commence comme un vrai polar : un jeune garçon est retrouvé violé et assassiné dans une petite ville de l’Oklahoma, autour de lui, des traces ADN et des empreintes à foison, plus quelques témoins oculaires, et tout désigne l’entraineur de base ball de la ville, le très populaire Terry Maitland. Sur de son fait, la police l’arrête dans un stade comble et abasourdi. Problème, Maitland a un alibi en béton armé et autant de preuve de sa présence à 150km du crime à l’heure précise de l’enlèvement et l’assassinat du petit garçon. Il ne peut donc pas se trouver en même temps ici et là-bas ? Pour la police, c’est le début d’un casse-tête qui va tourner au drame. « L’Outsider » est un pur polar durant tout son premier tiers, et parfaitement tenu. Et puis après, nous voilà dans un autre univers, celui préféré de Monsieur King : à mi-chemin entre la réalité et le surnaturel. « L’Outsider » est en réalité une suite à l’excellente trilogie « Mr Mercedes – Carnets Noirs – Fin de ronde », et d’ailleurs on y retrouve avec plaisir un personnage central de cette trilogie, qui continue donc… Puisque nous sommes dans du fantastique, difficile de parler de crédibilité et pourtant ce roman produit la même fascination étrange que « Twin Peaks », et d’ailleurs les deux fictions ont pas mal de points communs. Il est impossible à lâcher, l’intrigue est claire, la tension monte crescendo jusqu’à un final explosif. Dans ce gros roman (550 pages), il y a beaucoup de personnages, quelques digressions mais on ne perd jamais le fil, preuve s’il en fallait encore une que King maitrise la narration comme personne. J’ai c ru comprendre que l’adaptation du roman était déjà bouclée et je salive d’avance de ce que cela pourrait donner à l’écran. Au-delà de vrai plaisir de lecteur qu’il apporte, « L’Outsider » peut-être aussi la source d’une réflexion sur le système judiciaire américain, un système accusatif qui peut produire des erreurs judiciaires en pagaille. Cerise sur le très joli gâteau, King fait un petit hommage appuyé à son collègue Harlan Coben à plusieurs reprises, ce qui est assez classe de sa part je trouve. « L’Outsider » est une vraie réussite comme l’était « Mr Mercedes » : beaucoup d’humain et de psychologie, un soupçon de surnaturel (mais sans excès), une écriture tellement agréable à lire, une intrigue maîtrisée de la première à la dernière page, des personnages attachants, d’autres plus pathétiques mais jamais complètement perdus pour l’humanité, des rebondissements bien amenés, bref, du sacré bel ouvrage. Chapeau Mr King !