
Nikos Molochantis est, jeune homme oisif, et probablement dérangé, qui dans l’Athènes des années 20 passe son temps à faire la fête et à lire des romans de gare et des romans policiers tout en dilapidant l’héritage familial. Pour pimenter sa vie, connaitre la gloire et s’octroyer des sensations fortes, il se fait accuser du meurtre d’une inconnue qu’il a découvert dans le journal. Il croit naïvement avoir tout prévu pour échapper in extremis à la peine capitale et sortir en héros des geôles grecques, mais son subterfuge va fonctionner au-delà de ses espérances. Rapidement, il perd le contrôle des évènements. Publié sous le forme de feuilleton dans les années 20 en Grèce, à une époque où le roman noir et la satire sociale est une denrée rare, « Psychiko » est un roman court et un peu étrange à lire. D’abord le style est suranné, forcément, on n’écrit plus avec autant d’emphase et de préciosité aujourd’hui. Et puis sur le fond, c’est à la fois terriblement démodé et terriblement moderne ! La naïveté du « héros », carrément pathétique, sa psychologie très étrange, le fonctionnement de la Justice et des prisons grecques, tout cela est un peu étonnant à nos yeux en 2020. Mais d’un autre côté, la fascination de la presse pour les faits divers, la manipulation des faits par les médias, la défaillance de la psychiatrie, la fascination des jeunes filles en fleurs pour les tueurs de femme (un truc que je ne comprendrais décidément jamais), les crimes passionnels que la société regarde avec une indulgence effroyable, mais seulement quand c’est un homme qui assassine une femme, tout cela est douloureusement moderne ! « Psychiko » est une lecture qui détonne sur tous les plans, pas forcément inoubliable mais assurément originale. Quant à l’intrigue, on l’aurait surement aimé un peu plus noire et cynique pour ce pathétique Nikos, mais sans doute que l’époque n’était pas au cynisme dans l’embryonnaire littéraire noire à l’époque de Paul Nirvanas.