
« Bleu de Prusse » prend la suite immédiate des « Pièges de l’Exil », et dans cette nouvelle aventure qui se déroule en 1956, (l’avant dernière à priori mais je croyais déjà cela du précédent !), Bernie de retrouve piégé par la Stasi qui lui met en main un marché qu’il ne peut accepter. Il préfère fuir de la Provence vers l’Allemagne, traverser la France pour retrouver son pays natal, malgré les risques que cela lui fait courir. Pendant cette cavale, il se souvient d’avril 1939 ou il avait été convoqué au Berghof pour élucider le meurtre d’un ingénieur nazi de Berchtesgaden, à quelques jours du 50 ème anniversaire d’Hitler et à quelques mois du déclenchement de la Guerre. Cette enquête, qui mettra se vie en danger (évidemment…), lui fera côtoyer Rudolf Hess et surtout Martin Bormann, dont il mettra à jour les magouilles lucratives. Pas grand-chose à redire de cette nouvelle aventure de Bernie Gunther, qui a la bonne idée de se dérouler en grande partie dans un lieu majeur du nazisme, resté mondialement connu : le nid d’aigle. Gunther ajoute Bormann à sa collection de dignitaires nazis avec lesquels il est obligé de travailler, au final, il n’y aura bien que le Führer lui-même a qui il n’aura jamais eu à servir la soupe en personne. L’enquête est un peu longue, un peu touffue mais pas inintéressante et elle permet à Philip Kerr de saisir à la fois l’ambiance d’un lieu et aussi l’ambiance d’une époque, quelques mois seulement avant l’invasion de la Pologne. Gunther est égal à lui-même, même humour désabusé, même intérêt pour les jolies femmes (encore que cette fois, elles sont presque absente du décor), même fatalisme devant la destiné de son pays, même sens démodé de la Justice, mêmes désillusions. Martin Bormann apparait pour ce qu’il est, un nazi qui se double d’être un escroc, enroulé dans la couverture moelleuse de l’impunité. Régulièrement, dans un va-et-vient don Kerr a le secret, on retourne en 1956 pour suivre la cavale clandestine de Gunther. Longtemps, on se demande ce qui relie les deux intrigues, la solution n’apparaissant qu’à la toute fin. Il y a une chose que je n’ai pas encore eu l’occasion de dire à propos de la saga, c’est la francophobie chevillée au corps de Gunther. Comme je ne veux pas faire de mauvais procès à Philip Kerr, je suppose que c’est la francophobie ordinaire d’un Allemand qui a fait les deux guerres, surtout que Gunther n’aime pas non plus les anglais, les américains, les croates, les italiens, les argentins… Mais je dois dire que, particulièrement dans « Bleu de Prusse », les français ne sont pas à la fête et il n’y a même pas, cette fois-ci, une créature de rêve pour lui faire changer d’avis ! C’est sans rancune, Gunther ne nous aime pas mais nous, en revanche, on ne s’en lasse pas… Il va pourtant bien falloir se résigner, la fin de ses aventures approche.