
Jérôme Commandeur n’était jamais venu jouer à Strasbourg avant hier soir, et pour une première il a rempli jusqu’au dernier siège de la plus grande salle du PMC. Carton plein, donc, pour le comédien/humoriste/animateur de Burger Quizz/maître de cérémonie de Césars, et il a sacrément assuré, le bougre ! 1H40 de monologue pied au plancher, après une longue introduction dans le noir suivi d’une « cascade ». Vêtu d’un costume sombre, Jérôme Commandeur balaye tous les sujets qui le préoccupent, des réseaux sociaux au pessimisme ambiant, de la mort aux volcans d’Auvergne, des programmes de l’après midi à la TV à l‘affaire Gregory, ça tire tout azimut et ça passe à la sulfateuse tout ce qui bouge. Sans ligne directrice très claire, forcément ça part un peu dans tous les sens et parfois les transitions sont « à l’arrache » mais qu’importe car son spectacle « Tout en douceur » à une énorme qualité : il ne baisse jamais de rythme. Souvent, avec les humoristes, certains passages tombent à plat, ou sont tout simplement moins drôles, plus faibles, c’est irrégulier, même chaotique. Mais là, c’est 100 % de réussite ou presque ! Ça bien longtemps que je n’avais pas rit jusqu’aux larmes de façon aussi pleine et entière, et c’est peu dire que cela fait un bien fou. Jérôme Commandeur, c’est un humour corrosif fait de bons mots, de piques qui font mouche, le tout mâtiné d’acidité et saupoudré d’humour noir. Il faut avoir une certaine facilité avec l’humour noir pour apprécier le passage court mais inoubliable sur les Vosges et l’affaire Gregory ou pour multiplier les bons mots macabres au sujet de la crémation interminable de sa grand tante. L’humour noir, ça fonctionne si c’est très drôle (sinon c’est pathétique), et là c’est très drôle. Le public rit en laissant échapper des « Rhooooo... » qui en disent long. On n’avait pas envie de le quitter, Jérôme Commandeur, les 1h40 de spectacle sont passées comme un éclair, et au moment de se dire au revoir on a presque déjà le regret de ce spectacle particulièrement réussi. Plus fédérateur que d’autres, moins consensuels que certains, c’est drôle et c’est méchant, c’est méchamment drôle : il faut aller voir « Tout en douceur » car jamais un titre de spectacle n’avait autant été peu approprié à son contenu !