Le coin des livres : La Femme à la Fenêtre

Anna Fox était une femme épanouie et heureuse, mariée et mère d'une petite fille, pédopsychiatre a l’excellente réputation. Mais ça c'était il y a un an car depuis qu'elle vit séparée de son mari et sa fille, elle n'exerce plus. Elle souffre d'agoraphobie depuis 10 mois, boit beaucoup trop, prends des médicaments en même temps et passe ses journées devant sa télévision, son écran d'ordinateur ou sa fenêtre pour regarder vivre ses voisins. Lorsqu'elle voit une femme se faire poignarder chez ses tout nouveaux voisins en pleine nuit, elle se retrouve devant des policiers qui ne trouvent rien, la prenne de haut et pensent qu'elle a eu des hallucinations. Anna n'en démord pas, mais comment prouver quoi que ce soit quand on est incapable de mettre le pied dehors ? Et puis tous ces médicaments, mélangés à l'alcool, ne la rende ni crédible, ni lucide, ni efficace. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le sujet du roman a déjà été traité maintes fois par la fiction, à commencer par « Fenêtre sur Cour » : « J'ai tout vu depuis ma fenêtre mais bizarrement pas de cadavre, et personne ne me croit, pourtant je suis si sur!  Il va falloir que j'enquête moi même avec les moyens du bord, quitte à me mettre en danger. » Un grand classique du roman noir. C'est classique mais c'est efficace, le roman fonctionne et se dévore facilement, grâce à un style alerte et agréable, et à une construction intelligente, avec des flashes back bienvenus et quelques digressions qui paraissent inutiles au premier bord mais qui finissent par trouver une vraie pertinence. Les chapitres sont courts, ils se terminent souvent sur un petit cliffhanger, c'est classique mais efficace. Il y a deux rebondissements, un au milieu de l'intrigue qu'on a vu venir de très loin, si on est un peu malin, un peu habitué à lire entre les lignes, et un à la fin, celui là bien plus inattendu. L'ensemble est cohérent, le personnage d'Anna passe beaucoup de temps à picoler et à traîner comme une âme en peine en peignoir chez elle mais pourtant elle n'est pas pathétique, enfin, pas tant qu'on aurait pu le craindre. « La femme à la fenêtre » est un premier roman, il est donc assez conventionnel dans la forme et le fond, et c'est un roman noir qui est loin d'être inoubliable mais qui fait le job. On a l'impression très forte, à la lecture, que ce roman est fait pour l'écran : ses personnages, son intrigue, ses décors ; tout semble être calibré pour le cinéma ou la TV. Il ne serait pas très étonnant de le retrouver un jour adapté d'une manière ou d'une autre.