
Lisa est professeure d'italien dans un collège difficile à Marseille, et à cause d'une classe de troisième en particulier, sa vie est un enfer. Tous les jours, elle va en classe la peur au ventre et le cœur au bord des lèvres, elle se sent seule, abandonnée de ses collègues et de la hiérarchie, chaque heure de cour est un supplice. Son psychisme et sa santé en viennent à se dérégler, la paranoïa la guette, et tout doucement, Lisa dérive elle aussi vers tout ce qu'elle exècre : la haine et la violence. Le roman de Marie Neuser, très court, aux chapitres percutants comme autant de coups de poings lors d'un match de boxe, se lit vite et ne peut pas laisser indifférent. On est évidemment en empathie avec cette jeune professeure (trop) idéaliste, dépassée par des élèves ingérables, et cette spirale infernale d'une situation qui ne fait toujours que s'aggraver et qui nous donne une impression étouffante (heureusement que le roman est court). Mais personnellement, j'ai parfois trouvé le personnage de Lisa, qui raconte tout à la première personne, tout aussi inquiétant que ses élèves, d'une autre façon. Rendue aveugle par l'angoisse, elle devient raciste, violente verbalement, ne se rendant même plus compte sue souhaiter la mort physique d'un gamin de 15 ans est le symptôme qu'il faut changer de métier. C'est finalement le point faible du roman, Lisa refuse d'envisager de quitter ses fonctions sans l'expliquer de façon claire et compréhensible. Ce roman, pris au premier degré, peut sembler très tendancieux. Les personnages sont souvent outranciers, certaines situations aussi, les adolescents sont décris comme des animaux sauvages « irrécupérables ». Quant au personnage de Samira, c'est l'inverse, la victime parfaite, pure et expiatoire. Comme le récit est à la première personne, j'y vois plutôt la vision déformée d'une jeune femme folle de peur puis aveuglée de haine. La fin, inévitable, amorale, sonne comme le « gong » de ce combat de boxe, elle laisse une impression aussi forte que dérangeante. Marie Neuser, que j'avais découverte un peu par hasard avec « Un Petit Jouet Mécanique », enfonce le clou avec ce roman noir au titre énigmatique « Je Tue les Enfants Français dans les Jardins », expliqué avec ironie au détour d'un paragraphe.