Le coin des livres : Mémé dans les Orties

A 83 ans, Ferdinand Brun n’ plus que Daisy, sa chienne chérie. Sa femme l’a quitté, sa fille vit à des milliers de kilomètres et ses voisines l’exaspèrent, à commencer par Mme Suarez, la concierge de son immeuble. E fait, Ferdinand est un vieil aigri qui n’aime rien ne personne et qui passe une bonne partie de son temps à être désagréable avec tout le monde. Lorsqu’il perd sa chienne, il perd définitivement gout à la vie et se laisse aller. Mais une gamine qui vient d’emménager et une vieille nonagénaire amatrice de bridge vont venir chambouler son quotidien et peut-être, à leur manière, le remettre tardivement sur le chemin de la sociabilité. Le roman d’Aurélie Valognes, au titre rigolo, est très rapide, agréable et facile à lire. Les personnages sont certes un peu caricaturaux, très tranchés, les situations parfois un peu improbables, le happy end un tout petit peu excessive, mais tout cela n’est pas bien grave. On prend le même plaisir à lire ce roman qu’à lire les romans de Gilles Legardinier, c’est une sorte de gourmandise coupable sans conséquences. Chaque chapitre est illustré par une expression imagée, à l’image du titre et qui illustre ce qui adviendra dans ledit chapitre. C’est facile à lire et on s’attache étrangement vite à ce vieux grincheux insupportable, qui déploie toute son imagination et son énergie à faire tourner en bourrique les vieilles pies de son immeuble, qui le lui rendent bien. C’est la peur de la maison de retraite couplée à l’influence intrusive de Juliette (la petite) et Béatrice (la très âgée) qui infléchissent dans la douleur ce caractère de cochon. C’est souvent drôle, parfois caricatural et parfois pertinent et c’est presque à regret que l’on abandonne Ferdinand à la fin du roman, en ce disant que parfois, dans la vie, certaines choses jolies arrivent décidément très tard, et qu’il faut saisir sa chance quand elle se présente. C’est un message tout simple mais universel et rafraichissant.