Le coin des livres : Emma dans la Nuit

Il y a trois ans, les sœurs Emma et Cassie Tanner, respectivement 17 et 15 ans, ont disparu du domicile familial et l’enquête du FBI n’a rien donné. Lorsque Cassie réapparait subitement chez sa mère, elle raconte qu’elle et sa sœur ont été retenue prisonnière sur une île, qu’elle a réussi à s’enfuir mais qu’Emma y est toujours. Les recherches reprennent, sur les indications plus ou moins précises de Cassie. Sauf qu’ Abby Winter, psychologue du FBI, doute de l’histoire de la jeune fille. Elle est persuadée que la résolution du mystère réside dans la famille recomposée et toxique des deux adolescentes. Alors parallèlement, elle étudie, elle analyse : Cassie, sa mère, son beau-père et son demi-frère, persuadée que cette famille dysfonctionnelle est à la base de tout. Après le très bon « Tout n’est pas perdu », Wendy Walker creuse le sillon du thriller psychologique (pour ne pas dire psychiatrique) et  des parents toxiques. Avec un peu moins de réussite néanmoins que dans son précédent thriller. Ici, on sent d’emblée que quelque chose na va pas fonctionner dans le roman, sans parvenir à bien mettre le doigt dessus. En fait, je crois que c’est qu’à aucun moment, on ne croit vraiment à cette histoire d’île et de séquestration, c’est trop gros, trop improbable et on a du mal à croire que le FBI gobe l’histoire sans douter. Ce qui fonctionne en revanche, c’est la complexité folle des rapports mère-fille et sœur ainée-sœur cadette qui est disséquée par Wendy Walker. Ici, on le comprend vite, la mère souffre d’une pathologie (personnalité narcissique) qui pourrit tout, et qui semble déteindre dangereusement sur une de ses filles, puis peut-être aussi sur la seconde. C’était aussi le sujet de « Frappe-toi le cœur » d’Amélie Nothomb, sauf qu’ici on est dans un roman noir. On se laisse emmener au bout  du roman sans trop de difficultés mais sans trop de passion non plus ; le personnage de Cassie ne réussissant jamais vraiment à nous « parler », à nous être sympathique et encore moins attachante. Le dénouement, assez inattendu et plutôt bien mené, laisse un gout un peu amer, celui de l’injustice et même presque de l’impunité. Ici, comme son roman précédent, les hommes sont faibles, suiveurs, manipulables et manipulés par des femmes complexes et presque perverses. C’est un postulat que se défend pour un roman noir mais il ne faudrait pas que Wendy Walker s’enferme dans ce stéréotype, au risque de tourner en rond. On peut s’octroyer le plaisir de la lecture de « Emma dans la nuit » même si j’ai préféré de loin son premier roman.