
Philippe Claudel, vers l’âge de 50 ans doit faire le deuil de son meilleur ami Eugène, qui va être emporté par un cancer en moins de deux ans. La fin de vie d’Eugène, puis la vie qui continue sans lui, c’est ce que raconte Philippe Claudel dans ce témoignage assez court, bien moins plombant qu’on pourrait ne l’imaginer. Il livre ici des réflexions intéressantes sur la mort, le rapport au corps, le deuil et le chagrin, qui peuvent parler à tous. Claudel y évoque la mort d’Eugène mais aussi toutes les morts qui le cernent, celle de Primo Levy, celle des écrans de TV, celle de son bébé mort-né il y a 20 ans, la sienne aussi, d’une certaine façon. C’est une façon d’apprivoiser ce passage que propose ce témoignage. C’est plutôt bien écrit et agréable à lire, les chapitres évoquent Eugène et la vie d’après dans un ordre chronologique aléatoire mais ca ne pose pas de problème en soi. Le tout premier chapitre est là pour expliquer ce que représente ce titre qui, à première vue n’a aucun rapport avec le propos. C’est un premier chapitre étonnant, un poil dérangeant. Le livre se termine par une petite pirouette parabolique sur le sujet. J’ajoute qu’il y a aussi quelques passages assez drôles, comme celui sur l’assistante d’Eugène, Maguy, qui fut il y a longtemps actrice de X et dont Eugène et Philippe avaient maté quelques films en douce, sans jamais le lui dire. « L’arbre du pays Toraja » est un livre qui parle beaucoup de la mort mais qui célèbre la vie, un exercice assez délicat mais un exercice plutôt convaincant.