
Au 4ème jour d’une croisière low cost dans les Caraïbes, le paquebot « Le Rêveur Magnifique » subit une avarie qui le laisse sans propulsion, sans communication et sans appareils de navigation. Au début, personne ne s’inquiète vraiment de la situation, ni le personnel débordé, mal payé et mal considéré ni les passagers. Sauf que le temps passe, et personne ne vient à leur secours, et plus rien n’apparait à l’horizon, et le temps passe encore et encore, l’inquiétude commence doucement à gagner les esprits. Surtout qu’en plus de cette panne qui les laisse seuls au monde, une jeune femme, victime d’un viol, est retrouvée morte dans sa cabine, une épidémie de gastro fait rage et une passagère voyante (plus escroc que véritable médium) commence à avoir des visions étranges et des propos prophétiques sibyllins. Une chose est sure, le deuxième roman de Sarah Lotz a de quoi vous faire passer l’envie de vous offrir une croisière pour toujours ! Après le très intéressant « III », son premier roman (d’ailleurs « Jour Quatre » y fait référence, car il s’inscrit clairement dans la continuité du premier), elle nous offre un roman en forme de huis-clôt géant mâtiné de surnaturel, une sorte de « Lost » sur papier en quelque sorte. « Jour Quatre » a les même qualités que « III » et aussi, reconnaissons-le, le même défaut final. Même si ici la narration est plus conventionnelle, avec une poignée de narrateurs qui changent à chaque chapitres (une femme de chambre enceinte, un médecin de bord accro aux opiacés, un violeur en série jamais inquiété, un voyante à moitié escroc, un blogueur hyper rationnel, des vieilles dame suicidaires…), on est happé dés la première page dans le quotidien de ce paquebot, petite société en miniature qui recèle le meilleur (mais surtout le pire) d’une société occidentale lambda. On oscille en permanence entre le récit hyper réaliste et peu ragoutant d’un huis-clos qui se transforme peu à peu en cloaque et les touches de surnaturels qui viennent semer le chaos dans les esprits. Bien malin qui peut deviner, au fil des pages, vers quoi on se dirige : un sauvetage in-extremis ? Un voyage vers le triangle des Bermudes ? Une fin en trompe l’œil style « La Quatrième Dimension » ? L’avant dernier chapitre renoue avec le style de « III » et, comme la série « Lost » que j’évoquais plus haut, n’apporte pas autant de réponses qu’on aurait pu l’espérer, loin de là. « III » avait le même défaut, du reste, mais on peut imaginer que Sarah Lotz a une idée derrière la tête avec un prochain livre… Le tout dernier chapitre peut permettre de l’espérer. Quoi qu’il en soit, si on n’est pas allergique au surnaturel, si on a le cœur bien accroché (une épidémie de gastro dans une bateau de croisière, quel cauchemar !), si on aimé la série de JJ Abrams, alors il n’y a aucune raison de se priver de « Jour Quatre ». Mais pour que le plaisir soit complet, je ne peux que recommander de lire « III » avant, histoire de bien apprécier l’ambiance surréaliste de l’intrigue.