
Mathias Malzieu, le chanteur du groupe Dionysos, propose avec « La mécanique du cœur » un conte moral que ne renierait pas Tim Burton. Jack est né à Edimbourg, un jour de 1874 particulièrement froid, il a été mis au monde par Le Docteur Madeleine, qui s’occupait d’accoucher les « femmes perdues » et autres prostituées. Immédiatement le Docteur se rend compte que le cœur de bébé Jack est trop fragile et le remplace par une horloge, qu’il aura pour mission de remonter chaque jour, et qui lui permettra de vivre normalement. Mais pour que ce beau mécanisme ne s’enraye pas, Jack doit absolument éviter les émotions fortes comme la colère, le chagrin et l’amour. A l’adolescence, il rencontre une jolie chanteuse de rue maladroite et malvoyante et les ennuis commencent : il est impossible à Jack, comme à l’ensemble des mortels, de ne pas éprouver des sentiments violents : le voilà amoureux, ce qui dans son cas s’avère très dangereux. Ce petit conte assez court (14 chapitres pour moins de 150 pages) fait le trait d’union entre la poésie et le fantastique, emmenant son fragile héros sur les traces d’un amour aussi violent qu’impossible et dangereux, celui qui l’emmènera jusqu’en Andalousie, qui lui fera croiser la route de Georges Méliès et de Joe, son rival. Il va connaitre les joies et les souffrances de l’amour, de l’amitié, de la jalousie aussi. C’est un conte sur le passage à l’âge adulte, celui qui nous fait passer de l’amour fou à l’amour raisonné. Une note de fin nuancée et douce amère qu’on n’a pas forcément vue arriver clôture ce périple plein de poésie et de naïveté. Il faut être sensible à cet univers onirique pour apprécier le roman de Mathias Malzieu. Moi, à petite dose, ce me convient (c’est comme pour les films de Tim Burton, un de temps en temps j’aime bien mais je n’en visionnerais pas un par semaine !) mais il n’aurait pas fallu que son roman soit plus long et s’éternise car je trouve qu’assez vite, on se lasse un peu et on tourne en rond. Ce livre est une sorte de parenthèse enchantée entre deux romans plus lourd, plus sérieux ou plus noirs (encore qu’ici, on crève des yeux et on arrache des cœurs, mais c’est avant tout métaphorique). A conseiller aux amateurs du genre car les autres, ceux qui aiment garder les pieds sur terre, n’y trouveront pas leur compte !