
« L’appât » est la suite du passionnant (mais un peu nébuleux) « Ragdoll » et c’est avec plaisir que l’on retrouve Emilie Baxter et le réservé (mais terriblement efficace) Edmunds. On peut lire ce deuxième tome sans avoir lu « Ragdoll » car les intrigues ne sont pas véritablement liées (encore que…) mais cela permet surtout de bien comprendre la personnalité de Baxter, qui a particulièrement morflé dans « Ragdoll » et qui s’est méchamment endurcie en même temps qu’elle prenait du galon. Des meurtres spectaculaires sont perpétrés à la fois à Londres et à New York, on retrouve des victimes scarifiées du mot « Appât » à côté de leur bourreaux suicidés, eux même scarifiés du mot « Marionette ». Les victimes sont des policiers, des types normaux, des assassins, il n’y a aucuns points communs apparents, à l’exception du mode opératoire. Baxter fait équipe avec Curtis (FBI) et Rouche (CIA) dans une enquête où chaque minutes compte, où le pire est toujours à craindre, une enquête très complexe et dont personne ne sortira indemne. L’intrigue est ici moins nébuleuse que dans « Ragdoll » (j’avoue que la fin de « Ragdoll » est tellement alambiquée que je ne suis pas sure d’avoir tout compris), on ne se perd pas en route entre les différents protagonistes les différentes scènes de crimes et ce, jusqu’aux derniers chapitres, complètement trépidants et anxiogènes. Il y a au milieu du roman une scène, dans une église à New York, terrible et qui marque un tournant dans l’intrigue, impossible de voit venir quoi que ce soit et on doit relire deux fois le passage pour être sure d’avoir bien lu ce qu’on a lu ! L’intrigue de « L’Appât » est très marquée par le terrorisme, les attentats de Londres. Il faut dire que l’action se déroule en novembre-décembre 2015, entre les attentas de Paris et celui de Bruxelles, le contexte est imparable, la paranoïa ambiante fait le reste. Le dénouement peut paraitre un peu déconcertant (mais pas plus que celui de « Ragdoll » quand même !), peut-être même un peu décevant sur le fond. Mais avec « L’Appât », Daniel Cole enfonce le clou du renouveau du thriller moderne et je ne serais pas très surprise de le voir un jour adapté sur grand écran. Son intrigue bien tortueuse, ses personnages bien complexes, jamais monolithiques, ses rebondissements imprévisibles, son audace pour déstabiliser son lecteur sans crier gare, tout cela donne un deuxième volet de haute volée, en attendant le troisième. Car la fin de « L’Appât » ne laisse aucun doute, ses derrières lignes sont sans ambigüité, il y aura un troisième tome qui s’annonce explosif pour Baxter.