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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Rebelles

Publié par Christelle Point sur 24 Mars 2019, 16:03pm

C’est une ancienne Miss Pas-de-Calais en galère qui postule comme ouvrière dans l’usine de conditionnement de poisson de Boulogne/Mer. Sandra rêvait de mannequinat, la voilà revenue au point de départ, dans la mobil-home maternel, dans sa ville de naissance et dans le milieu prolétaire qui était le sien. Un soir, le contremaitre de l’usine essaie de la violer et en se défendant, Sandra provoque sa mort. Avec ses collègues Carine et Nadine, elle s’emploie à faire disparaitre le corps. Jean-Mi, l’infortuné contremaitre, transportait avec lui un sac rempli e billets que les filles s’approprient sans (trop) d’états d’âme. Ce qui semble, à première vue, être la solution à tous leurs problèmes d’argent va très vite s’avérer être une source de problèmes supplémentaires, car un sac rempli de billet fait forcément défaut à quelqu’un de peu recommandable.

 

Avec « Rebelles », le réalisateur Allan Mauduit propose un film qui détonne un peu dans le cinéma français du moment. Ici, il n’est pas question d’états d’âme, de gens friqués vivant dans des appartements parisiens et qui roulent dans des voitures quasi-neuves. Ici, on roule dans des vieilles bagnoles qui ne plus cotées à l’argus, on habite dans des mobil-home ou des pavillons décorés comme il y a 30 ans, et on conditionne à la chaine des thons et des maquereaux, et on est même fouillé à la sortie par des vigiles, dés fois qu’on piquerait une ou deux boites ! Allan Mauduit propose une sorte de western survitaminé, dopé à l’humour noir et ultra resserré : 1h27 montre en main, pied au plancher, sans jamais laisser le spectateur souffler. Ici, tout est foutraque, à l’image d’une bande originale très sympa qui part dans tous les sens, de Niagara à Smetana, tout va à cent à l’heure, et les problèmes se règnent avec des flingues ou/et des coups de pelle ! Mené à un rythme d’enfer, monté et filmé comme un western, à l’image de l’improbable fusillade de la fin, le film passe comme un éclair et la salle se rallume alors que franchement, on aurait bien repris un peu de rab. Dans sa forme, pas grand-chose à reprocher à Allan Mauduit, qui maîtrise son film, s’autorise des scènes d’actions bien filmées, des scènes de cascades très réalistes et des dialogues hauts en couleur. A l’image de son casting « Rebelles » n’a peur de rien et surtout pas de faire de l’humour trash, flirtant même parfois avec le bon gout sans pourtant jamais basculer dans le vulgaire. Yolande Moreau en mère de famille faussement débonnaire est épatante. Audrey Lamy, en mère célibataire undergound est formidable et Cécile de France, trop et mal maquillée, est parfaite. Leurs personnages sont plutôt bien écrits, un peu complexes tout en étant malgré tout très tranchés. Les hommes, eux, ne sont pas à la fête, qu’ils soient père, maman, flics ou mari, soit ils sont bêtes, soit ils sont méchants (soient les deux) et quand ils ne sont ni l’un ni l’autre, ils n’ont aucune morale. Mention spéciale néanmoins à Simon Abkarian, qui compose un petit voyou sans envergure, capable du pire mais néanmoins attachant, jusque dans les dernières scènes, presque émouvantes. Le scénario de « Rebelles » n’est pas très compliqué à suivre, il suffit de suivre le sac plein de billet, il tombe entre les mains de trois ouvrières qui en ont terriblement besoin. Elles ne perdent finalement que peu de temps avec la morale et leurs scrupules, et dans la situation qui est la leur, on peut aisément les comprendre. La violence est omniprésente mais elle est surjouée comme dans un Tarantino, elle provoque des rires nerveux plus que de la répulsion, elle est presque esthétisée. Evidemment il y a plein de choses auxquelles on ne croit pas, comme ces nanas qui savent instinctivement tirer et faire mouche avec une arme automatique, comme ces types qui prennent une balle dans le ventre et sont capable de se lever et marcher, comme ces flics qui semblent faire bien peu de cas des scellés et des enquêtes de l’IGPN. Bref, le film sacrifie le réalisme sur l’autel du cinéma d’action décomplexé, on peut le pardonner, c’est un défaut très répandu ! La morale est mis est mise à mal par tous les personnages, même ceux censés représenter la loi. Le bon goût est lui aussi un peu malmené mais c’est pour la bonne cause. L’humour noir, l’humour trash, il faut que cela soit très drôle, sinon, on tombe immédiatement dans la vulgarité. « Rebelles », grâce à son humour « à la Grosland », fait passer toutes les outrances, toutes les horreurs comme une lettre à la Poste ! On peut regretter que le long-métrage d’Allan Mauduit soit un peu court peut-être, on peut concéder que son humour ne conviendra peut-être pas à un très grand public (en tous cas pas à un public familial !), on peut regretter quelques passages un peu borderline mais tout cela n’est finalement pas grand-chose. « Rebelles » est une comédie énervée qui va à 200h/h sans mettre sa ceinture de sécurité, qui fait du rodéo avec le bon gout et qui ne se crashe jamais. « Rebelles » est de ces comédies française gonflées et nerveuses qui n’ont peur de rien et qui font souvent défaut dans le paysage cinématographique français.

 

La bande annonce de "Rebelles"

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