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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Vernon Subutex, tome 1

Publié par Christelle Point sur 27 Décembre 2018, 10:37am

J’ai mis un temps fou à oser lire Virginie Despentes et je commence par son roman (en trois tome) le plus célèbre : « Vernon Subutex », bientôt porté à l’écran par Canal +. Je crois qu’elle me faisait un peu peur, quand je le voyais en interview avec son air blasé et son pessimisme chevillé au corps. Mais j’ai eu bien tort d’attendre car j’ai découvert un écrivain avec un style très affirmé, très percutant, capable de le passionner avec  une intrigue toute simple où il ne se passe pas grand chose, avec les états d’âmes de personnages d’une complexité folle, pétris de défauts insupportables et de qualités étonnantes, capable du pire comme du meilleur, ils sont le miroir de nos propres démons et contradictions. C’est un roman coup de poing, avec des phrases courtes et un peu saccadées, mais aussi avec quelques fulgurances impressionnantes de lucidité et de cynisme, une intrigue qui fait des sauts de puces dans le temps, des à-coups. Vernon Subutex, à l’aube de la cinquantaine, se retrouve quasi SDF. Il a été disquaire mais la révolution numérique à ruiné son commerce, il a côtoyé du beau monde mais il n’en reste pas grand-chose, il a foiré sa vie sentimentale bien comme il faut. Vernon, c’est le looser parfait, dont on suit pages à pages la chute vers la rue. Il squatte chez les uns, les autres, essaie de marchander le testament numérique d’un chanteur qui vient de mourir, il boit, il baise, il vit au jour le jour et son destin croise d’autres destins, des gens différents mais eux aussi, à leur manière, des loosers dans une société où tout le monde peut l’être, un peu à sa manière. Il faut le savoir, il n’y a que du cynisme, du pessimisme, du désespoir et de la rancœur dans les personnages de Virginie Despentes, ils sont tous pathétiques ou détestables, ou minables quand ce n’est pas les trois ensemble, on lit des horreurs dans leur bouche, du racisme, de l’homophobie ordinaire, de la haine brute, ils sont le portrait d’une France qui crève de son propre pessimisme, et sans y croire tout à fait, je crois qu’il y a dans chaque personnages un peu de vrai quand même, un réalisme qui angoisse et qui fait peur. Tout cela est très bien écrit, même si on a parfois un peu de mal à cerner les personnages (ils sont nombreux et interagissent entre eux de façon parfois un peu embrouillée), on ne décroche pas. Mais c’est une lecture qui ne conviendra pas à tout le monde, clairement, c’est « sex, drug and rock’n roll » à mort, on se sent parfois poisseux soi-même à la lecture, ce qui confirme que Virginie Despentes réussis bien son coup. Quand se termine ce premier tome, on à très envie de continuer malgré tout, c’est le signe que « Vernon Subutex » a fonctionné, au-delà de sa non-intrigue et de ses personnages toxiques et/ou infréquentables.

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