
9ème tome de la saga Bernie Gunther, si on la prend dans l’ordre de parution des romans. Si l’on essaie de caser « Les Ombres de Katyn » chronologiquement (ce qui devient de plus en plus difficile, les romans ayant atomisé la chronologie des évènements, bientôt il me faudra une frise pour m’y retrouver !), l’action se situe dans la suite de « Prague Fatal » Dans chaque roman ou presque, Gunther est mis en présence d’un des pontes du IIIème Reich, et ici, c’est Joseph Goebbels à qui il doit servir la soupe. En 1943, Gunther est affecté au Bureau des Crimes de Guerres, une instance milliaire indépendante des nazis (en théorie) qui doit établir la véracité des crimes de guerre commis, par les Alliés en général, et par l’URSS en particulier, crimes dont la révélation pourraient faire exploser la coalition contre l’Allemagne. Vu que Stalingrad a déjà eu lieu, que pour beaucoup de militaires allemands l’espoir a changé de camp, démontrer que les cadavres découverts à Katyn sont des polonais exécutés par milliers par l’Armée Rouge, c’est vital pour la suite de la guerre. Gunther se retrouve donc dans les enivrons de Smolensk, a superviser l’identification des cadavres sous le regard d’une commission plus ou moins indépendante et neutre. Pendant ces quelques mois, Gunther devra éclaircir aussi quelques meurtres, en commettre un lui-même pour sauver sa peau (et sur lequel on lui demandera d’enquêter) et, mine de rien, il mettra à jour deux complots. Si la saga fonctionne toujours, c’est qu’indéniablement, son personnage principal est toujours attachant, même affublé d’un uniforme honni, même quand il serre la main (bien obligé) de la lie de l’humanité, Gunther garde toujours son humour désespéré, son gout pour les jolies femmes, et son intuition de flic de l’Alex, du temps où l’Allemagne ,n’avait pas encore sombré dans le chaos. « Les Ombres de Katyn » se laisse suivre sans déplaisir, on y apprend une nouvelle fois plein de choses en marge du conflit (je ne connaissais pas le Bureau des Crimes de Guerre dans lequel il évolue), on élucide des crimes en même temps que Gunther, qui va se retrouver une nouvelle fois à deux doigt de la mort, on suit les intrigues sans trop de difficultés même si, au milieu du livre il y a une sorte de trou d’air qui tire un peu en longueur. C’est surtout le contexte de l’après Stalingrad qui est intéressant, où l’on comprend que les militaires allemands ont déjà compris ce qui allait arriver et complotent (avec le succès que l’on sait) pour éliminer Hitler. Au passage, Phillip Kerr n’est pas tendre avec une aristocratie allemande vénale, sans honneur et sans courage, et Gunther semble lui attribuer une bonne part dans le désastre allemand du XXème siècle. J’ai longtemps attendu pour connaitre les aventures de Gunther pendant la guerre, depuis 3 tomes j’ai enfin un éclairage sur la question et cela va continuer, avec le prochain tome, « La Dame de Zagreb ». Dans les aventures de Bernie Gunther, il y a toujours une femme fatale qui l’émoustille, voire plus. A suivre, donc…